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Libération

Avec Jérôme Chartier, des réunions avec les élites

Fillon, candidat de la droite en 2017dossier
Le think tank les Entretiens de Royaumont organise des colloques courus, sponsorisés par des privés tels qu’Axa. A l’étranger, ses franchises font la part belle à Fillon.
publié le 16 février 2017 à 20h46

Cercle de réflexion, think tank… peu importe l'appellation : plutôt classé droite catho mais large d'esprit. Les Entretiens de Royaumont, sis en l'abbaye du même nom (Val-d'Oise), font œuvre d'un œcuménisme parfois orienté. A la manœuvre, Jérôme Chartier, élu local et intime de Fillon. Ex-maire de Domont (Val-d'Oise)1, il est à l'origine de la résurgence intellectuelle du bâtiment. Il relance en 2003 ce lieu classé aux monuments historiques, longtemps animé par les époux Gouin, soucieux de maintenir en vie une abbaye désertée par les croyants. Depuis, les Entretiens de Royaumont font défiler une étonnante faune politico-financière, invitée à disserter sur des thèmes réputés transpartisans. Hollande, alors premier secrétaire du PS, s'y est collé en 2009, sur le thème «Rêvons le capitalisme.» Un an plus tôt, un étonnant aréopage avait colloqué pour «structurer la croissance française» : Valls, Sapin et Cahuzac à gauche, Fillon, Guaino ou Copé à droite.

Jérôme Chartier nous l'a juré la main sur le cœur : les intervenants de ces Entretiens ne sont pas rémunérés. Sauf que, depuis 2013, ce réputé forum intellectuel développe des franchises à l'international, en Pologne, en Espagne, au Maroc, aux Emirats arabes unis. Et bientôt à Londres. Coorganisées avec les chambres de commerce et d'industrie locales, ces rencontres à l'étranger ont, à l'exclusion de la première session, à chaque fois accueilli François Fillon. Pour disserter à Varsovie, en 2014, sur «L'Europe a-t-elle manqué le virage du numérique ?», ou à Abou Dhabi, en 2016, pour penser l'après-pétrole et prêcher l'avenir du nucléaire. Curieusement, le site internet des Entretiens de Royaumont est en «maintenance» depuis les premières révélations du Canard sur l'affaire Fillon.

La liste des sponsors des Entretiens de Royaumont : Axa, BNP Paribas, Total, Orange… Beaucoup de leurs patrons sont des proches, voire des intimes de Fillon. C’est le cas d’Henri de Castries, fidèle entre les fidèles, qui espérait bien entrer au gouvernement une fois son candidat à l’Elysée. En tant que patron d’Axa, il est d’ailleurs déjà directement client de 2F Conseil, la société de Fillon (200 000 euros). Patron de Total, Patrick Pouyanné est, lui, l’ex-directeur de cabinet de Fillon au ministère des Télécommunications. Ou encore Augustin de Romanet (secrétaire général de l’Elysée sous Chirac et président d’Aéroports de Paris), à la fois financier et intervenant aux colloques.

(1) Il s'agit bien de Domont et non de Baumont comme écrit initialement par erreur.