Depuis notre infiltration dans la «Taverne des patriotes», le tchat Discord des pro-FN, nous vous avons révélé que l'élu FN Ludovic Marchetti voulait mener un raid contre Désintox (refusé par les autres membres) ou comment s'organisait un opération de bashing contre Emmanuel Macron sur Twitter.
Notre présence (ainsi que celle de quelques autres journalistes), et la publication de ces articles ont entraîné des réactions diverses: qui vont de l'égo satisfait du troll enfin reconnu à la colère du militant d'extrême-droite qui se sait surveillé par un «journalope». Ce sentiment de paranoïa a entraîné des changements de règles et de comportements au sein du groupe de discussion.
Grand nettoyage
Désormais il ne suffit plus de déclarer simplement qu’on soutient le FN pour entrer dans la Taverne, il faut aussi justifier d’où on tient le lien vers le tchat et parfois même indiquer son profil Twitter ou Reddit. L’équipe de modérateurs a entrepris un grand nettoyage, en bannissant certains profils d’infiltrés venus du tchat des Insoumis, et en supprimant des centaines de messages postés auparavant.
Cette purge s’accompagne aussi par un durcissement des règles: les propos racistes, homophobes ou antisémites ne sont plus modérés manuellement, mais par un bot, qui supprime les gros mots et insultes d’une liste veille préétablie.
Résultat: on ne peut plus écrire ni «bougnoule», ni «nique» dans le tchat; un type s'est fait bannir pour avoir proposé d'organiser une ratonnade dans une cité; et le raid de mardi qui devait mettre le hashtag #Marine2017 en tendance sur Twitter n'a pas pris - sans doute parce qu'il n'avait été annoncé qu'à la dernière minute ou selon les «patriotes» parce que Twitter censure les hashtag pro-FN.
Accents africains
Seul le tchat vocal, où les «patriotes» discutent directement par micro, est à l'abri de la capture d'écran du journaliste filou. Mardi soir, on a pu y entendre, sans que personne ne soit banni, une insulte à Philippot, une remarque sur les «traces d'ongles sur la table» d'un docteur Cohen ainsi que quelques imitations d'accents africains ou de l'emploi des insultes «Pharisien!» et «congoïde» chères à Henri de Lesquen.
Mais les pro-FN ne font pas que s'insulter: ces derniers soirs, ils ont aussi discuté pendant des heures du marxisme ou des moyens d'obtenir une arme légalement. Par contre quand Georges, un ancien militaire à la voix chevrotante, s'est vanté de posséder encore son arme, il a aussitôt été averti: «Tu devrais arrêter d'en parler, surtout sur Internet.»
Depuis notre arrivée, la gauloise Taverne des patriotes est devenue un fade salon de thé, où l’on parle correctement et où les plus polissons s’échangent des parodies de Tintin, dont Lesquen est le héros.