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Transparence : pendant les affaires, Hamon lave plus blanc

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L'équipe de campagne du candidat PS a présenté ce jeudi dix mesures sur la transparence de la vie politique et dévoilé son patrimoine.
Benoît Hamon à son QG de campagne, à Paris, le 11 février. (Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 16 février 2017 à 13h15

Sous la transparence financière, la campagne présidentielle. L'équipe de campagne de Benoît Hamon a présenté jeudi un ensemble de dix mesures sur la transparence de la vie politique. L'opération vise - certes - à établir une «République exemplaire» mais surtout à enfoncer François Fillon empêtré dans les affaires depuis près d'un mois et, plus indirectement, à pointer du doigt Emmanuel Macron et sa campagne En marche. «Tout ça n'est pas formellement une réponse au Penelope Gate, tente de convaincre Régis Juanico, président de l'association de financement de Benoît Hamon. Nous voulons faire une campagne en positif.»

Entendu. Mais le candidat propose quand même d’interdire aux parlementaires d’embaucher des membres de leur famille. Suivez son regard. Il veut aussi obliger les candidats à la présidentielle à publier leurs déclarations de patrimoine et d’intérêt et interdire le cumul des fonctions de parlementaires et de conseil.

Pour sa défense, François Fillon s'est retranché derrière la séparation des pouvoirs pour refuser de dévoiler l'utilisation précise de son indemnité représentative de frais de mandat (IRFM). S'il est élu président, Hamon imposera aux parlementaires de publier un «récapitulatif annuel» de leurs frais. Et à l'heure où le Parquet national financier s'interroge sur les suites judiciaires à donner à l'affaire des emplois présumés fictifs de la famille Fillon, Benoît Hamon propose aussi que les candidats à l'Elysée aient tous un casier judiciaire vierge.

«Pas mi-chèvre mi-chou»

Son package «transparence et exemplarité» contient aussi quelques flèches destinées à Emmanuel Macron, comme l'obligation de publier les noms de tous les donateurs au-delà de 2 500 euros, qu'ils soient Français ou étrangers. «Benoît n'est subventionné par personne, lui. Cela va finir par compter dans cette campagne», se félicitait la semaine dernière le patron des députés socialistes, Olivier Faure. Du coup, les formulaires de dons ont été adaptés pour demander leur accord aux donateurs mais ceux qui refuseront verront leur argent refusé. Pendant la primaire, Hamon a reçu 203 511 euros de la part de 2 436 donateurs, soit un montant moyen de 84 euros par personne. Pour l'instant, a précisé Régis Juanico, aucun don de plus de 2 500 euros n'a été enregistré.

Déjà engagé dans une campagne contre la montre avec moins de moyens que ses concurrents directs, le candidat socialiste assume donc le risque d'effrayer des «gros» donateurs qui préfèrent généralement anonymes. Mais «ce sont des mesures claires, pas mi-chèvre mi-chou», se félicite Juanico pour qui avec l'interdiction d'employer des membres de sa famille on «coupe le cordon ombilical».

«Véhicule terrestre à moteur de marque Opel Corsa»

Pourtant, beaucoup s'interrogent sur une telle mesure, qui peut être contournée par les parlementaires qui emploieront les conjoints ou enfants de leurs collègues comme l'a fait le Front national au Parlement européen.  Si l'équipe socialiste se prononce pour la publication des déclarations de patrimoine des candidats - elles sont pour l'instant uniquement consultables en préfecture - mais elle s'oppose à la publication des déclarations d'intérêt et de patrimoines de leurs conjoints.

Depuis l'an dernier, la droite et une petite partie de la gauche cherchent des noises à Benoît Hamon. Sa compagne travaillant pour le groupe LVMH, ils accusent le député d'avoir été influencé sur le travail dominical. «J'ai tellement été contre le travail le dimanche que le gouvernement est passé par le 49-3, réplique le candidat en petit comité. Plus étanche on ne fait pas». Juanico abonde: «Il y a la vie politique, la vie patrimoniale et la vie professionnelle de sa conjointe. Benoît Hamon a raison de faire ce distinguo».

Dans la foulée de la conférence de presse sous la grande verrière du QG de campagne, l'équipe a donc publié la déclaration de patrimoine de Benoît Hamon. Où l'on apprend que le député des Yvelines possède un logement dans les Hauts-de-Seine acheté en 2016 pour un montant de 700 000 euros, avec un prêt de 580 348 euros. Il n'a ni portefeuilles d'action ni assurance-vie mais il est l'heureux propriétaire d'un «véhicule terrestre à moteur de marque Opel Corsa» datant de 2006 - qui selon les informations de Libération est de couleur grise et tombe souvent en panne - et de huit comptes en banque, dont trois affichent des découverts d'une trentaine d'euros.