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Hamon en voyage d'études de gauche au Portugal

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Benoît Hamon effectue son premier déplacement international de candidat à l'Elysée dans un pays gouverné par une alliance historique et inédite entre socialistes, communistes et gauche radicale.
Benoît Hamon, lors de l'inauguration de son QG de campagne, à Paris, le 11 février. (Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 17 février 2017 à 10h12

Un pays où les socialistes gouvernent avec le soutien de la gauche radicale et des communistes. Un gouvernement qui sort ses concitoyens de l’austérité et applique son programme à la lettre tout en réduisant le déficit. Un membre de l’Union européenne placé sous surveillance par Bruxelles qui se voit dresser un satisfecit de la Commission pour sa gestion des finances publiques… On ne compte plus les symboles qui ont conduit Benoît Hamon à étrenner son statut de candidat à l’Elysée sur la scène internationale par un déplacement au Portugal.

Le vainqueur de la primaire de gauche arrive à Lisbonne vendredi pour une visite de trente-six heures où il doit rencontrer tous les leaders de cette gauche plurielle locale, qui a hérité du surnom de coalition «brinquebalante» («geringonça» en portugais) vu les clivages ancestraux que ces nouveaux alliés ont mis de côté pour diriger le Portugal depuis novembre 2015. L’attelage tient depuis quinze mois, dirigé par l’ancien maire de la capitale et très populaire Premier ministre, António Costa, que Benoît Hamon et sa petite délégation doivent rencontrer samedi après-midi.

Berlin et peut-être Athènes

Le Premier ministre «a un peu secoué son agenda pour recevoir le candidat, se félicite le député parisien Pascal Cherki, venu préparer ces importantes deux journées en éclaireur il y a trois semaines, dès après le deuxième tour de la primaire. Les Français regardent le Portugal mais l'inverse est vrai : les Portugais veulent la victoire de Hamon en mai, ça les intéresse localement et à l'échelle européenne.»

Car les pays de l’Europe du Sud (Espagne, Italie, Portugal) ne gardent pas un souvenir ému du quinquennat de François Hollande, dans lequel ils avaient placé leurs espoirs de réorientation de l’Europe. Un temps évoquée, une visite de Benoît Hamon en Grèce pour rencontrer le Premier ministre, Aléxis Tsípras, leader du mouvement Syriza, figure toujours officiellement à l’agenda du candidat. Mais une partie de l’état-major doute en réalité de sa faisabilité compte tenu de la brièveté de la campagne : le premier tour a lieu dans deux mois et il va falloir arpenter l’Hexagone dans tous les sens pour espérer remonter dans les sondages.

En revanche, il est toujours prévu que Benoît Hamon fasse un déplacement à Berlin, passage obligé pour tout impétrant présidentiel français. Moins classique, l’équipe travaille sur une visite dans un pays de l’Europe de l’Est, un bon moyen pour pouvoir parler de Russie et de diplomatie mondiale à l’heure du duo aux allures de duel entre Vladimir Poutine et Donald Trump.

Figures imposées

Quand il était encore ministre, Benoît Hamon, qui a passé une partie de son enfance au Sénégal et qui a été député européen, s’est régulièrement retrouvé mandaté par François Hollande pour le représenter dans les pays les plus à gauche de la planète, notamment au Venezuela. Mais ces visites diplomatiques étaient à fort quotient commercial et effectuées pour le compte d’un autre. Désormais candidat sur son nom, Benoît Hamon a prévu d’effectuer toutes les figures imposées d’un déplacement officiel au Portugal : entretien avec l’ambassadeur, visite du lycée français Charles-Lepierre, rencontre avec les chefs d’entreprise, dîner avec la communauté française…

Partisan de la légalisation du cannabis en France, le candidat passera également du temps samedi avec des associations investies dans la lutte contre les addictions et la prévention de la toxicomanie. De la marijuana à l'héroïne, le Portugal a dépénalisé la possession de toute drogue il y a déjà seize ans – un cas unique en Europe.

Mais la visite de Hamon, qui est en pleines négociations pour un accord politique avec les écologistes français, est surtout jalonnée de rencontres politiques avec les syndicats portugais et les responsables de ce front de gauche lusitanien, dont l'ex-députée européenne Marisa Martins, ancienne candidate présidentielle de la gauche radicale, le Bloc de gauche (Bloco de Esquerda). En 2015, la trentenaire avait remporté 10,13% des voix – un record et un score proche de celui de Jean-Luc Mélenchon en 2012, dont le leader de la France insoumise est de nouveau crédité dans les sondages pour le premier tour de mai prochain. «Sauf qu'ici, sourit Pascal Cherki, les copains de Mélenchon sont pour le rassemblement de la gauche.»