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Récit

Affaire Fillon : à droite, on veut croire que «le plus dur est passé»

Fillon, candidat de la droite en 2017dossier
Les militants reprennent espoir et constatent, sur le terrain, que les électeurs sont sensibles à la théorie du complot destiné à abattre leur candidat.
Margny-les-Compiègne, le 15 fevrier 2017. Réunion publique de François Fillon, candidat LR ( Les Républicains) à l'élection présidentielle. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 19 février 2017 à 19h13
(mis à jour le 19 février 2017 à 19h24)

Au marché de la rue de la Convention, dans le XVe arrondissement de Paris, une brigade de partisans de François Fillon distribuait ce dimanche un tract vantant un catalogue de mesures «rapides et dissuasives» censées restaurer «la sécurité de tous les Français». «Pas question» de voter pour ce candidat, protestent encore quelques passants. «Voleur ! Menteur ! Lui ? Plus jamais», s'emporte une élégante sexagénaire, électrice de droite comme l'écrasante majorité des habitants de ce quartier, fief du député filloniste LR Jean-François Lamour.

Mais la majorité des piétons attrapent sans barguigner, parfois même avec un sourire bienveillant, le tract qui leur est offert. Les militants sont soulagés : «Il y a quinze jours, c'était l'horreur, on se faisait cracher dessus. Là, on voit que les gens veulent vraiment que la droite gagne, j'ai même reçu ce matin des offres de service», confie un étudiant. Agnès Evren, élue LR du XVe arrondissement et vice-présidente du conseil régional, veut croire que «le plus dur est passé» : «Les militants et les électeurs ont compris qu'il n'y avait pas d'alternative et qu'on avait de bonnes chances de gagner parce que de tous les candidats à l'élection présidentielle, Fillon est le seul qui tienne la route.» Au même moment, sur Europe 1, l'ex-ministre Bruno Le Maire ne disait pas autre chose. «Choqué, comme tous les Français» par les sommes en jeu dans l'affaire d'emploi présumé fictif révélé par le Canard, il affirme qu'il n'y a pas d'alternative : «Si la droite change de candidat, elle perdra.»

«Complot politico-médiatique»

Bien sûr, les fillonistes ont aussi compris qu'ils allaient devoir supporter jusqu'au bout les sarcasmes. «Vous faites la quête pour Penelope ?» plaisante ainsi ce dimanche un client du marché Convention. Qu'importe, puisqu'ils sont désormais certains que dans la tête des électeurs de droite, l'envie de gagner est bien plus forte que la déception ou la colère à l'égard du candidat. Le dernier sondage Ifop publié par le Journal du dimanche les renforce dans cette conviction : parmi les sympathisants des Républicains, 70% des sondés sont favorables au maintien de Fillon ; soit une progression de 6 points en quinze jours. La situation du candidat demeure fragile et périlleuse puisque 65% des Français restent, eux, favorables à son retrait. Mais cette légère amélioration confirme que l'ancien Premier ministre peut toujours espérer atteindre 20% au premier tour, ce qui peut suffire à se qualifier pour le second.

Sur le marché, les fillonistes affirment que leur candidat a été victime d'un «coup monté», d'un «complot politico-médiatique» dont les rouages ont été fort heureusement mis au jour. Ils renvoient aux furieuses déclarations de l'avocat Eric Dupond-Moretti qui court les plateaux de télévision pour affirmer «l'incompétence» du parquet national financier (PNF) dans cette affaire et dénoncer «l'emballement médiatique» de «la meute» déchaînée contre Fillon. Ils y ajoutent cet «appel» publié samedi dans lequel un collectif de juristes – dont plusieurs activistes anti-mariage gay – prétend démonter un «coup d'Etat institutionnel» : le pouvoir chercherait à détruire le candidat LR «pour favoriser l'élection d'un successeur déjà coopté». Ce dernier n'est pas nommé mais on devine qu'il doit s'agir d'Emmanuel Macron.

Dans une courte vidéo diffusée dimanche, François Fillon adresse ses remerciements  aux «militants de la France» qui «ne se laissent pas intimider» ni «voler cette élection présidentielle». Le candidat réaffirme qu'il ira jusqu'au bout, pour soumettre au suffrage universel  son «projet puissant , le seul capable de redresser la France». «Tenons bon car la victoire est à notre portée», conclut le candidat. Il n'est manifestement pas le seul à y croire.