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Libération
La France invisible

«Tu veux laisser les clés à Le Pen ou Macron ?»

La France invisibledossier
publié le 22 février 2017 à 20h16

Pendant la campagne, Libération sonde, chaque jour, les lieux différents de la «France invisible». Aujourd’hui, un club de handball près de Marseille.

C'est donc ça, une ambiance de corbillard… Ce mardi soir, l'équipe de handballeurs a fui le gymnase pour un apéro «haut les cœurs» chez Romain. Dimanche, ils ont été éliminés de leur Coupe de France. La fin du rêve de remporter le titre en mai, qui résonne étrangement avec l'arrêt des discussions à gauche entre Mélenchon et Hamon. Kader vit mal la double peine : «Bien sûr je suis déçu, mais à gauche c'est toujours pareil : ils avancent de beaux principes et après il y a la réalité politique. C'est bien beau les idéaux de Mélenchon, mais tu veux laisser les clés du camion à Le Pen ou Macron ?»

Nico, le mélenchophile : «A partir du moment où il avait posé toutes ces conditions, comme celle sur la loi El Khomri, c'était pas possible…» Julien intervient, outré : «Arrêtez les gars, c'est une honte ce mec ! Il crache sur ses collègues politiques alors que ça fait cinquante ans qu'il baigne dans le système !» Julien est l'un des rares à avoir suivi une partie de la présentation du programme de Mélenchon, sans adhérer pour autant. Gilles se souvient que Julien attendait que Macron affiche le sien pour se prononcer. «Tu as vu cette semaine, il a dit deux phrases et c'est déjà la merde ! Pendant ce temps, Fillon remonte. Il a été sanctionné au départ mais tu t'aperçois qu'il suffit qu'un autre sorte deux trois conneries pour que la bascule parte de l'autre côté. Elle va être longue, cette campagne…»

Romain avale une goulée de bière : «J'ai l'impression d'être dans un labyrinthe, je ne sais vraiment pas pour qui je vais voter…» Kader, lui, veut rester sur ses convictions : «J'ai tiré un trait sur la présidentielle. Maintenant, j'attends les législatives.» Fred, le goal, déboule avec une vanne : «Quand je pense qu'à Londres, Macron a eu Cabaye et Mandanda, ça promet !» Mais Kader n'a pas envie de rigoler : «Le jour où il aura autre chose que des remplaçants des Bleus, on en reparlera !»