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Oscar Temaru, l'indépendantiste polynésien qui vise l'Elysée

L'ancien président de l'archipel affirme avoir obtenu les 500 parrainage nécessaires pour se joindre à la course présidentielle. Une démarche au nom de son peuple, à qui il dit offrir par ce biais un référendum pour l'indépendance.
Oscar Temaru à Papeete en 2014. (Photo Grégory Boissy. AFP)
publié le 27 février 2017 à 18h49

Un ancien président sera donc aligné sur la ligne de départ de l'élection présidentielle le 23 avril prochain. Spoiler alert : ce n'est ni Nicolas Sarkozy, ni François Hollande. Oscar Temaru, qui a dirigé la Polynésie française à cinq reprises entre 2004 et 2011, pour des durées allant de 4 mois à 2 ans, a annoncé lundi tôt dans la nuit avoir obtenu les 500 parrainages nécessaires.

Militant indépendantiste de toujours, son objectif est clair : réunir sur son nom la majorité des voix de l'archipel dès le premier tour. «Si c'est le cas, cela aura valeur de référendum sur l'indépendance de mon pays et je proclamerai dans la foulée une déclaration de souveraineté», affirme-t-il simplement à Mediapart.

Mais rien à voir avec «un acte dictatorial et immédiat, précise l'un de ses proches. Ça va être discuté avec l'ONU et avec la France». Une démarche réfléchie, mûrie par quarante ans de lutte contre le pouvoir central à des milliers de kilomètres de là. Oscar Temaru est «une sorte de Christ des tropiques, un Jésus des atolls, un messie des archipels», écrivions-nous dans son portrait en 2004, une semaine à peine après son éviction du pouvoir par son éternel ennemi, le chiraquien Gaston Flosse.

Contre les expérimentations nucléaires

A 72 ans, Oscar Temaru trimbale avec lui cette histoire renversante. La mort de son père, décédé alors qu’il aspirait à devenir prêtre, le pousse à tomber la bure et travailler, pour nourrir sa famille. Il s’engage dans la marine en 1961 et découvre ce qui est encore l’empire colonial français et son absurdité, ainsi que les luttes pour l’indépendance, qu’il embrasse.

Alors il s’engage. Pour l’indépendance, justement, en fondant en 1977 le Front de libération de la Polynésie devenu Tavini. Puis contre les expérimentations nucléaires françaises dans le Pacifique en 1979. Et en faveur de la commune de Faa’a, limitrophe de Papeete, dont il devient maire en 1983. Tout cela un peu contre son inclinaison naturelle, lui qui n’aime pas la politique.

«D’ailleurs, une fois élu président de la Polynésie-Française, le 14 juin, il "ne voulait pas venir s’installer à la présidence", le petit Elysée construit sur mesure par Gaston Flosse avec tables d’écoute dans les combles et salle de gym au sous-sol, écrivions-nous en 2004. Temaru l’indépendantiste ne voulait pas de ce bureau immense tout en teck avec photo de Chirac et drapeau tricolore.»

Cet engagement de tous les instants l'éloigne de sa famille, à tel point que sa plus jeune fille se réjouira de la chute de son premier gouvernement («On pourra aller ensemble à la mer»). Mais il remet ça. Il se battra une nouvelle fois pour ses îles, en concourant pour «le seul poste de dirigeant élu au suffrage universel direct en Polynésie», celui de président de la République française. Qu'il voudrait quitter.