Menu
Libération
Présidentielle

Hamon peaufine son plan de relance

Hamon candidatdossier
N'arrivant pas à faire entendre ses propositions pour cause d'affaire Fillon, le candidat socialiste prévoit d'avancer «d'ici dix jours» la présentation de l'ensemble de son «projet» pour espérer braquer les projecteurs sur sa campagne.
Benoît Hamon le 3 mars à Paris. (Photo Philippe Lopez. AFP)
publié le 6 mars 2017 à 15h04
(mis à jour le 6 mars 2017 à 15h06)

«Je ne ferai pas comme Jospin […]. On va revoir notre approche.» Sa campagne ne se passe pas comme il l'avait prévu ? Pour se sortir du faux plat dans lequel Benoît Hamon est engagé depuis un mois et espérer nager durablement au-dessus des 15% d'intentions de votes pour avoir une (infime) chance d'attraper la qualification au second tour, le candidat socialiste à la présidentielle va ajuster sa campagne. «J'ai une difficulté, confie-t-il à Libération. Je me rends compte que la stratégie qu'on avait choisie et qui consiste à perler les propositions, à thématiser, ça ne marche pas à cause des histoires Fillon qui saturent l'espace public. Aucune autre proposition ne peut émerger.» Le candidat socialiste va donc avancer, «dans les dix jours qui viennent», la présentation «globale» de son projet prévue au départ pour les dernières semaines de campagne et s'appuyer sur son «manifeste» intitulé Pour la génération qui vient (éditions Equateurs), qui sort jeudi, pour se relancer.

Au départ, Hamon avait ainsi prévu de distiller ses propositions en fonction de ses déplacements : il a parlé services publics et déserts médicaux la semaine dernière en Bretagne ; ce mardi à Marseille, il avait prévu d'aborder les questions de «vieillissement». Mais les péripéties Fillon ont totalement masqué ses propos. «Ça ne m'empêchera pas, pour partie, de thématiser certains meetings, explique Hamon, mais il faut revenir à des méthodes plus classiques : réussir à structurer le débat autour de mes propositions.» Sa campagne ne prend pas, Hamon tente alors le changement de braquet.

Signaux envoyés aux fidèles de Hollande

Question rassemblement, il vient d'intégrer les écologistes à son équipe de campagne, dont l'ex-candidat Yannick Jadot comme «conseiller spécial». Mais Hamon a surtout fait entrer des fidèles de François Hollande : la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, à la tête du «laboratoire des territoires» ou encore la présidente de la commission Défense à l'Assemblée, la députée du Finistère Patricia Adam, chargée d'une «mission avenir de la dissuasion nucléaire». De quoi rassurer son camp sur des fondamentaux : les collectivités locales et la défense nationale. Dans ses meetings – redevenus plus classiques avec discours écrits par plusieurs plumes, derrière un pupitre et Marseillaise pour conclure –, Hamon insiste de plus en plus sur le «bilan santé» de Marisol Touraine, le «compte pénibilité» ou le «compte personnel d'activité» qu'il veut sauver de la loi travail ou encore les «postes de policiers» créés depuis cinq ans. De quoi répondre en partie aux demandes de «défense du bilan» formulées depuis plusieurs semaines par plusieurs ministres tentés par un vote utile en faveur d'Emmanuel Macron.

Autre thème censé permettre de «rassembler la famille» socialiste : l'Europe. «C'est son plus gros point fort, pousse le patron des socialistes, Jean-Christophe Cambadélis. Benoît a trouvé un axe politique, celui de la refondation, qui peut unir les différents courants progressistes. Il tranche avec Mélenchon et ça le rapproche du centre gauche.» Outre la proposition d'un nouveau traité budgétaire mis sur pied par l'économiste Thomas Piketty et de traité sur les énergies renouvelables sur lequel planche l'ex-ministre de l'Ecologie, Philippe Martin, Hamon doit rassurer sur une question fondamentale : non, contrairement à un reproche qui lui a été fait, Hamon ne «veu[t] pas renégocier [la] dette» de la France, a-t-il clarifié en fin de semaine dernière. Il souhaite en revanche «mutualiser» les dettes européennes. Ce que l'Allemagne a toujours refusé.

Déplacement à Berlin fin mars

Mais Hamon compte sur une petite lueur outre-Rhin : l’espoir d’une victoire des sociaux-démocrates, menés par Martin Schulz, sur Angela Merkel et les conservateurs aux législatives du 24 septembre. L’ex-président du Parlement européen fait la course en tête dans les intentions de vote en prenant ses distances avec l’héritage Schröder et sans exclure une coalition avec les écologistes et les la gauche radicale… exactement le projet d’Hamon en France. Après un déplacement au Portugal deux semaines après sa désignation pour s’afficher dans le laboratoire européen d’une gauche unie, Hamon a prévu fin mars une visite à Berlin pour y rencontrer le candidat social-démocrate, Martin Schulz.

Le candidat a aussi prévu un long déplacement africain début avril qui pourrait le mener au Sénégal, où il a passé une partie de son enfance, mais aussi au Maghreb voire au Sahel. Sans oublier l'outre-mer : avant la Réunion prévue plus tard, il sera aux Antilles ce week-end après une sortie vendredi en Seine-Maritime et son passage, jeudi, à l'Emission politique de France 2. Sa première participation, remarquée, le 8 décembre – soit quelques jours après le renoncement de François Hollande – avait été un premier tournant de sa campagne victorieuse. Dans son équipe aujourd'hui, «on attend le même déclic». Mais pour la présidentielle.