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Libération
Reportage

Dans le Pas-de-Calais, Cazeneuve en campagne contre le FN

En déplacement à Oignies, le Premier ministre a parlé logement et emploi et tenu un discours frontal contre l'extrême droite.
Bernard Cazeneuve sur le site historique de la mine d'Oignies, dans le Pas-de-Calais le 7 mars. (Photo Denis Charlet. AFP)
publié le 8 mars 2017 à 9h48

Des promesses en faveur du logement et de l'emploi, et un discours frontal contre l'extrême droite. Bernard Cazeneuve était à Oignies dans le Pas-de-Calais, mardi après-midi, pour annoncer 23 000 rénovations de logement sur dix ans -le double de ce qui avait été d'abord annoncé-, et des zones franches pour stimuler l'embauche, mais aussi pour dire tout le bien qu'il pense de l'Europe et tout le mal qu'il pense du Front national. Le tout sous l'œil bienveillant de Xavier Bertrand (LR), président de la région Hauts-de-France, venu signer avec lui et les deux départements un «engagement pour le renouveau du bassin minier». Sur les terres du Pas-de-Calais grignotées par le FN, Oignies, ville dirigée par le PS, où la dernière mine de la région a fermé en 1990, c'est la 11e circonscription du Pas-de-Calais, que Marine Le Pen n'a pas réussi à conquérir de peu -49,89% des voix- mais dans laquelle Hénin-Beaumont a basculé.

La veille, Cazeneuve était à Batilly et à Longwy en Meurthe-et-Moseille, pour tenir aux ouvriers de Renault un discours antiprotectionnisme. «Je leur ai dit que fermer les frontières, ce serait priver l'usine des trois quarts de ces commandes. Comment peut-on imaginer envahir le monde de nos produits et fermer nos frontières aux importations ? Quel est ce monde ?» Lundi, il sera à Vitrolles. «Une tournée électorale anti-Marine, de surcroît financée avec de l'argent public», ironise Steeve Briois, maire d'Hénin-Beaumont, qui accuse le Premier ministre de «donner des leçons de morale politique aux petits-fils de mineurs, aux chômeurs, aux retraités qui survivent avec le minimum vieillesse et qui "osent" voter pour Marine après avoir été volés par des ex-barons du Parti socialiste». Le maire FN s'amuse du fait que Cazeneuve évite de passer par sa ville : «Peut-être préfère-t-il éviter d'être contraint, entre deux diatribes anti-Marine, de s'expliquer sur la fermeture scandaleuse du commissariat de police de la ville d'Hénin-Beaumont entre minuit et cinq heures du matin!»

«Vieilles chaussettes»

Le plan de «renouveau», annoncé sur l'ancien site minier rénové, est un effort de 20 millions d'euros par an pendant dix ans, porté par un prêt de la Banque européenne d'investissement, annonce par ailleurs 16 000 emplois sur dix ans dans le cadre de la «transition énergétique». Il est perçu comme une goutte d'eau dans ce territoire sinistré, au taux de chômage parmi les plus élevés de France, à moins de cinquante jours de l'élection présidentielle : «Ça fait trente ans qu'ils nous ont laissé tomber comme des vieilles chaussettes, c'est maintenant qu'ils vont nous renouveler ?», soupire un fils de mineur présent à la visite. Ici, la carte du taux de chômage se confond avec la carte des veines de charbon, mais aussi avec celle des bas salaires, des peu diplômés et du sous-emploi des femmes.

Cazeneuve a mis en avant au passage Xavier Bertrand, qui accompagne le projet à la région «ce que nous avons décidé de faire ensemble s'inscrit dans une démarche d'intéret général. Des élus de sensibilités différentes signent un contrat en pleine période électorale où la confrontation est partout. C'est une forme de courage». Et d'ajouter : «Il reste pour ce gouvernement quelques semaines. Je souhaite que nous soyons impeccables, que nous ne cédions à aucune polémique. On peut ne pas avoir les mêmes sentiments même opinions et se respecter.» Au Bellevue, un bistrot de Oignies, on sait que le Premier ministre est passé, à cause des rues bloquées par la police. Mais on parle surtout de foot et de billard. «Cazeneuve ? Dans deux mois il est au chômage.»