Pendant la présidentielle, Libération va sonder, chaque jour de la semaine, six lieux différents de la «France invisible». Ce jeudi, un club de handball près de Marseille.
Les défections, ça n’arrive pas qu’aux autres. Ce mardi soir, ils ne sont que quatre joueurs dans le vestiaire à se changer pour l’entraînement. Des blessures, des départs au ski, peut-être aussi une motivation en berne après la défaite… Julien a tout de même envoyé un message à ses coéquipiers pour participer au débat politique hebdomadaire : une série de tweets de François Fillon, qui mettent en lumière ses contradictions.
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La palme revient à un message de novembre 2012 : «Si on admet que la rue peut contester le pouvoir légitime, on admet que la démocratie a échoué. On ne peut pas transiger avec cela», écrivait à l'époque celui qui était alors alors candidat à la présidence de son parti. «Rien à ajouter», signe Julien, dépité par la mobilisation de dimanche au Trocadéro. «Apparemment, les 200 000 personnes, c'est Penelope qui les a comptées!», raille Gilles en caleçon. Nicolas n'a pas envie de rigoler : «Ce ton qu'il avait pendant sa conférence de presse…, souffle l'instituteur mélenchoniste. Dire que la démocratie est remise en cause, c'est hallucinant. Les gens autour de lui dimanche sont des fanatiques. Quand je pense que ce sont les mêmes qui fustigent les manifs de soutien à Théo… Peut-être qu'eux n'ont pas de casseurs dans leurs rangs, mais leurs mots sont largement plus violents !»
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Jean-Claude, lui, a bloqué sur l'idée d'une réunion Sarkozy-Juppé-Fillon, proposée pour sortir de la crise: «Ils veulent réunir un futur mis en examen, un mis en examen et un condamné. Ça fait peur!», s'énerve le quinqua. «Peut-être que c'était pour parler réforme carcérale?», se marre Gilles, qui n'arrive plus à prendre cette campagne au sérieux. «A deux jours d'intervalle, ils lâchent leur candidat puis reviennent dans le rang. Comment tu peux faire confiance à ces gens-là?» Les revirements, à droite comme à gauche, passent mal dans le vestiaire. «Moi, je suis surtout surpris que NKM reste avec Fillon, confie Nicolas. Je pensais qu'elle voulait une politique propre. Mais c'est une politicarde comme les autres…» Même tarif pour la sortie pro-Macron de Claude Bartolone. «Ils n'ont aucun respect pour la parole donnée, peste Gilles. On pense que ce sont des modèles mais en fait non.»