Menu
Libération
Vu d'une brasserie de campagne

«Hamon, je n’y crois pas au second tour»

La France invisibledossier
Charancieu. (BiG)
publié le 9 mars 2017 à 20h26

Pendant la campagne présidentielle, Libération sonde, chaque semaine, cinq lieux de la «France invisible». Ce vendredi, la brasserie Crocus en Isère.

Ni favori ni pronostic. Les deux collègues ne se risquent pas à spéculer à six semaines du premier tour de la présidentielle. Habituées du Crocus, Nadia, 30 ans, et Christelle, 42 ans, n’ont même plus besoin du menu pour commander : assiettes de fagottini et carafe d’eau.

Bien qu'à leur goût le contexte politique soit «super confus», elles gardent une certitude : elles iront voter. «Des femmes se sont battues pour ce droit, je ne peux pas leur faire ça», s'exclame Christelle, artisane en maroquinerie. Nadia, manager, réfléchit à un bulletin blanc : «Je suis plutôt écolo, mais je sais que mon vote ne sert pas à grand-chose, alors…» Certes, Benoît Hamon «porte ses convictions», mais elle «n'y croi[t] pas au second tour». «Trop peu de personnes considèrent l'écologie comme une priorité», regrette la trentenaire qui continue de «revendiquer qu'il faut laisser quelque chose à nos futurs [descendants]».

En premier lieu, des «terres propres», pour que tout le monde puisse «manger de bons produits» : «Il n'y a pas que les riches qui ont le droit de se nourrir correctement. On nous cache beaucoup de choses sur ce que l'on consomme. On joue avec notre santé pour du pognon !» Sa collègue Christelle hoche la tête. L'un de ses souhaits, c'est aussi «de voir encore des arbres dans cinquante ans» : «Le rêve, ce serait que l'argent qui sert à ces politicards égoïstes, tout ce fric mis à l'ombre pour une ou deux personnes, soit mis au service de l'écologie», pour «dépasser les discours». Nadia : «Ça ne me dérange pas de payer des impôts, mais ils doivent être utilisés à bon escient…»

«Ce n'est pas l'impression qu'on a en ce moment», complète Christelle. La quadra se dit «inquiète», et pas seulement sur l'état de la planète. Celle qui se place «au centre» et reconnaît «change[r] de bord assez souvent», en fonction des «propos qui [la] séduisent» pense que «Marine a ses chances» : «Elle répond à des attentes, à cette idée de retrouver des valeurs. Beaucoup de Français se raccrochent à cette histoire de racines catholiques», regrette cette athée.