Le candidat de la droite présentait ce lundi la dernière version de son projet présidentiel. Si ses ennuis judiciaires le conduisent à changer son vocabulaire, il n’aura, sur le fond, presque rien cédé à ses alliés qui lui demandaient, à l’image du sarkozyste Brice Hortefeux, de «corriger» son programme, pas assez généreux avec les classes moyennes et populaires.
A quelques «enrichissements» près, le candidat reste fidèle au programme qu'il avait défendu cet automne, dans la campagne de la primaire. Autre ex-soutien de Sarkozy, le député LR Eric Ciotti estimait ce lundi que le candidat avait bien raison : «Corriger le projet ? Il n'avait aucune raison de le faire. Cela aurait été trahir ses électeurs.»
Fillon maintient donc que le «redressement national» passe par «un choc puissant». Les ingrédients demeurent inchangés : 500 000 postes de fonctionnaires en moins, 100 milliards d'euros de coupe dans les dépenses publiques, 50 milliards d'euros de baisse de prélèvements fiscaux et sociaux, suppression de la durée légale du travail, relèvement à 65 ans de l'âge de départ à la retraite ou encore doublement des seuils sociaux. A ce prix, il se fait fort d'arriver, en 2022, au plein-emploi, à l'équilibre des finances publiques avec une croissance supérieure à 2 % par an.
«Mauvaise foi»
Si les fondamentaux ne changent pas, le vocabulaire, lui, a sensiblement évolué. A deux jours de sa probable mise en examen, le candidat ne peut plus tenir le discours cent fois répété depuis qu'il s'est lancé, il y a plus de quatre ans, dans la course à l'Elysée. Plus possible, en effet, de prétendre que c'est parce qu'il est «intègre» et «irréprochable» qu'il saura entraîner ses compatriotes dans le dur chemin du «redressement national».
Dès le début de sa conférence de presse, lundi matin, Fillon a dénoncé «la mauvaise foi» de ceux qui l'accusent de vouloir imposer «une purge» aux Français. Il se défend même de leur «demander des efforts», contredisant ainsi ce qu'il disait récemment encore de ses modèles Thatcher ou Schröder qui avaient eu, eux, le courage de demander des sacrifices à leur peuple.
«La purge, la détresse sociale, le manque de perspectives, c'est maintenant que nous les avons !», a-t-il fait valoir. Il ne s'agit donc plus demander des efforts mais de promettre «un projet de croissance», «un projet pour les jeunes», «un sursaut» qui permettra de retrouver «la fierté d'une nation prospère». Insister sur la promesse d'un avenir meilleur : Fillon pourrait en avoir besoin.