Le républicanisme combatif du candidat Front de gauche séduit. Si vous nous empêchez de rêver, nous vous empêcherons de dormir. Ce beau mot d’ordre des indignés espagnols, Jean-Luc Mélenchon […] en fait tous les jours le commentaire et l’illustration. Nous réveillons la Révolution, dit-il. Nous réveillons les Lumières. Reprenons la Bastille. Marchons. Et il y aura du monde, dimanche, sur le boulevard. […] J’écoute. Je compte les points. Mon moral remonte. Mon sourire revient. Il fait moins sombre, on peut gagner. On va en finir avec toutes ces années d’humiliations, toutes ces années où s’est confirmé le fait que les actionnaires sont tout et les gens rien. Un monde où l’individu est superflu. […] Et puis Mélenchon s’en va. Une autre émission, une autre ville, une autre réunion. Ecran noir, salles vides. Un embarras me saisit. Une légère honte. Il y a quelque chose qui cloche là-dedans, me dis-je, n’est-ce pas Boris Vian ? […] D’où vient cette impression d’irréalité ? Le spectacle est trop parfait peut-être.
[ Extrait de l’article de Geneviève Brisac du Libé des écrivains du 15 mars 2012. ]