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Libération
Merci de l'avoir posée

En cas de soutien à Macron, que dit le règlement socialiste?

Ecartelés entre Benoît Hamon et Emmanuel Macron, les socialistes s'interrogent sur la meilleure façon de survivre à la présidentielle et flirtent avec les lignes de la loyauté.
Emmanuel Macron (g) et Jean-Yves Le Drian, le 23 mars 2016 à l'Assemblée nationale à Paris (Photo DOMINIQUE FAGET. AFP)
publié le 14 mars 2017 à 19h04

Ecartelés entre Benoît Hamon et Emmanuel Macron, les socialistes s’interrogent sur la meilleure façon de survivre à la présidentielle et flirtent avec les lignes de la loyauté.

C’est quoi la règle du jeu?

Depuis que François Hollande s'est retiré de la course présidentielle, les règles du jeu socialiste ont beaucoup fluctué. A l'automne, les simples zélotes d'Emmanuel Macron risquaient l'excommunication. Aujourd'hui, un ministre, un député, un maire a le droit de soutenir Emmanuel Macron mais pas de le parrainer. L'astuce a été inventée par le premier secrétaire du Parti socialiste qui sait que peu franchiront le Rubicon et qu'il ne faut pas insulter l'avenir en coupant les ponts avec le mouvement de Macron. Du coup, on aboutit à des combinaisons hasardeuses. Un ministre peut hésiter à voter pour l'ancien ministre de l'Economie au premier tour de la présidentielle pour faire barrage au FN sans le parrainer mais en faisant activement campagne pour le PS aux législatives. Un drôle de mélange totalement autorisé par le règlement. Jean-Christophe Cambadélis essaie de garder tous les socialistes à la maison tout en sachant que c'est impossible. A l'époque, «on n'a pas viré les députés frondeurs qui ont menacé le gouvernement avec une mention de censure. Aujourd'hui, on ne pas exclure des socialistes qui votent Macron», justifie un proche du premier secrétaire.

Quel est l’objectif du Parti socialiste? 

L'humeur change au fil des jours. Le succès de la primaire et la victoire de Benoît Hamon ont brièvement filé la pêche aux socialistes, notamment à Jean-Christophe Cambadélis, pas forcément proche de celui qui incarne le chef de file des frondeurs du quinquennat. La dynamique, le retour de la jeunesse, un discours porté sur le futur: les raisons étaient nombreuses et la victoire à la présidentielle ne semblait plus aussi impossible. Mais l'euphorie est très vite retombée. Aujourd'hui, la direction du parti ne rêve plus de victoire et espère plutôt atteindre «le meilleur score» possible au premier tour. «Si on continue comme ça, on va terminer sous les 10%», se désole un dirigeant socialiste - une onde de choc qui se répercutera aux législatives ensuite. Or, «si on reste groupés et on fait campagne ensemble on a plus de chance d'atteindre le second tour», explique le premier secrétaire en privé. D'ailleurs, il a contacté plusieurs membres du gouvernement pour les convaincre de se déplacer au meeting de Benoît Hamon ce dimanche, à Bercy. Un membre de la direction: «On sait que les chances de victoires ne sont pas très élevées pour Hamon même si tout est possible dans cette campagne. Mais si son score est haut on pourra s'allier avec Emmanuel Macron au soir du premier tour et construire une majorité progressiste avec lui. Il n'aura pas le choix: on aura besoin de lui et vice versa.» Pour un ministre, les départs vers Emmanuel Macron affaiblissent la gauche dans son ensemble: «Il y a une campagne, on se bat pour nos idées, pour que les socialistes pèsent sur les enjeux du pays. Il faut un bon score à la présidentielle pour sauver les législatives.»

Qui est prêt à franchir le pas? 

A tout le moins, les orphelins de François Hollande et une grande majorité des ministres sont dans une position d’attente. Et leurs doutes distillés au goutte-à-goutte plombent la campagne de Benoît Hamon. Regroupés autour du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, les hollandais historiques sont décidés à ne rien décider pour l’instant. Parmi eux, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense et proche de Hollande, n’a jamais fait mystère de sa proximité avec Emmanuel Macron. Son soutien n’est qu’une question de jours, le chef de l’Etat ayant demandé à tout le monde d’attendre le début de la campagne présidentielle officielle, le 23 mars mais un meeting à Vannes, au cœur de la Bretagne de Le Drian samedi, semble être le théâtre idéal d’un ralliement.

Le courant socialiste des Réformateurs s'est rapproché pas à pas du mouvement En marche depuis un an, se mettant en retrait de la campagne de Hamon puis préparant un appel collectif à voter Macron. Leur texte a fuité dans la presse la semaine dernière avant d'être démenti par ses auteurs en personne. «On l'a débranché parce que Macron n'en voulait tout simplement plus», explique le député PS Christophe Caresche, l'un des animateurs du courant. Du coup, les parlementaires de cette obédience devraient rejoindre Macron individuellement. Caricaturé par la droite en «hologramme» de Hollande alors qu'il veut incarner le ni droite ni gauche, l'ancien ministre de l'Economie ne veut pas donner le sentiment qu'il ouvre grand les portes aux socialistes.

Depuis qu'il a perdu la primaire face à Benoît Hamon, Manuel Valls entretient le doute sur ses intentions. S'il semble désormais certain qu'il ne parrainera aucun des deux candidats après un pataquès politico-médiatique, la question de son soutien à Macron est posée. Pour un parlementaire de l'aile droite du PS, «Valls a peur de ne plus être dans l'image, de disparaître» derrière Macron et Hamon qui reprendraient chacun une part de la gauche.