Pendant la présidentielle, Libération sonde, chaque jour de la semaine, six lieux de la «France invisible». Ce lundi, une maison de retraite à Montpellier (Hérault).
La liste des prétendants est définitive : les résidents des Glycines en profitent pour passer en revue les candidats. «Macron a finalement penché à droite», observe Marie-Rose. «Bayrou l'avait traité de baudruche», se souvient Marie. «Eh bien il s'est dégonflé !» rétorque Maurice. «Mais Macron, il est de droite ou de gauche ?» insiste Marie. «Il est macroniste !» répond Maurice. «Moi, je reste convaincue que cet homme tiendra ses promesses», prédit Mireille, tandis que Marie-Rose confesse qu'elle «ne déteste pas ce beau garçon à la parole facile…» Arrive le tour de Mélenchon. «Il a beaucoup de valeurs. Il est honnête et jeune», s'enthousiasme Fernande. Jeune ? «En tout cas, c'est un candidat très éloquent et il a l'originalité d'être fidèle à ses idées, juge Bernard. C'est ce style de personnage qui manque à droite.» Marie, elle, ne l'aime pas. Mireille non plus. «Trop extrémiste. Mais il est folklorique.»
Et Hamon ? Pour Marie, «il est fini». Maurice : «Il ne fait pas le poids. Pas de charisme, pas de personnalité.» Heureusement, le candidat peut compter sur Fernande : «Il est cultivé, il a des idées. Et puis, c'est au pied du mur qu'on voit le maçon. On verra bien ce qu'il fera.»
Comme toujours quand on évoque Marine Le Pen, chacun se crispe. Pour Marie, «c'est le diable personnifié». «C'est excessif, ça ! s'emporte Josette. Il faudrait au moins lire son programme…» Marie-Rose s'interroge : «Moi qui suis née à Alger, si cette femme arrive au pouvoir, elle me considérera comme française ou algérienne ?»
A l'autre extrémité, Philippe Poutou soulève peu d'enthousiasme : tout le monde regrette Olivier Besancenot. «Pourquoi il a abandonné, le facteur ? Il était convaincant, comme personnage !» Quant à Nathalie Arthaud, personne ne la connaît : «Elle est parente avec Florence [la navigatrice qui a remporté la route du Rhum en 1990, morte en 2015 en Argentine lors d'un tournage télé, ndlr]?» Puis c'est au tour de Dupont-Aignan de se faire tailler un costard. «Il a l'habitude de participer aux élections, celui-là, note Maurice. Mais il n'avance pas beaucoup.» Et à propos de costard, voici venir Fillon. «Ça devient nauséabond, on lui trouve tous les jours autre chose !» s'énerve Marie. Toujours pince-sans-rire, Josette demande : «Et son caleçon ? On connaît le prix de son caleçon ?» Bernard répond sur le même ton : «Je pense que nous aurons le montant de son slip dès la semaine prochaine.»