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Libération
Désintox

Enquête contre Le Roux : l'exemple qui plombe la défense de Fillon

Le Parquet national financier a ouvert une enquête ce mardi après les révélations de l'émission «Quotidien» sur les filles du ministre de l'Intérieur. De quoi torpiller les accusations complotistes des fillonistes, qui soupçonnaient le PNF d'être aux ordres.
Bruno Le Roux, samedi à Orly. (Photo Benjamin Cremel. AFP)
publié le 21 mars 2017 à 17h35

Le Parquet national financier (PNF), en ouvrant une enquête contre le ministre de l'intérieur, Bruno Le Roux, après la révélation par l'émission Quotidien(TMC) de l'emploi de ses filles comme assistantes parlementaires, vient de torpiller le principal argument de la défense de François Fillon… Jusque-là, le candidat LR et son entourage n'avaient qu'un mot à la bouche : une justice «instrumentalisée». Pour eux, en ouvrant une enquête préliminaire sur l'affaire Fillon le jour des révélations du Canard enchaîné, la justice s'était saisie trop rapidement du dossier, du «jamais vu» selon eux. Lors de sa seconde conférence de presse, le 1er mars, celle où il annonce qu'il «ira jusqu'au bout» malgré sa future mise en examen, le candidat à la présidentielle avait regretté que «depuis l'origine, et contrairement à ce qui a été dit, je n'ai pas été traité comme un justiciable comme les autres. L'enquête préliminaire a été ouverte en quelques heures».

Il avait été précédé sur ce point par ses lieutenants, qui s'étaient émus à plusieurs reprises de la célérité de la justice. Dès le lendemain des révélations du 25 janvier, Gérald Darmanin, maire de Tourcoing, avait déclaré : «Imaginez un seul instant, que le Canard enchaîné ce matin ait donné cette information entre guillemets […] et l'après-midi même, l'après-midi même, le Parquet financier ouvre une enquête : c'est d'une extrême rapidité de justice, on n'avait pas vu que le quinquennat de Monsieur Hollande avait donné tant de moyens pour qu'on aille aussi vite.» Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, s'était elle aussi étonnée de la «rapidité époustouflante» de la justice, tandis que Bruno Retailleau, son homologue des Pays-de-la-Loire, avait dégainé : «Un article de presse paraît le matin, quelques heures après, le parquet s'en saisit. Citez-moi une seule affaire où il y a eu une telle rapidité.»

Célérité

L'argument, à l'époque, ne tenait déjà pas la route. Désintox avait donc sorti plusieurs exemples où la justice s'était saisie très rapidement, et les avaient répétés devant l'insistance de François Fillon a se victimiser. On avait cité, entre autres, les Football Leaks, les Panama Papers et, côté politique, les affaires de Kader Arif et d'Aquilino Morelle.

Mais l'ouverture rapide d'une enquête contre Bruno Le Roux achève définitivement cette théorie du complot. Car la célérité du PNF est aussi remarquable qu'elle l'avait été dans le cas de François Fillon. Quotidien a révélé lundi soir que le ministre de l'Intérieur avait employé de 2009 à 2016 ses deux filles lors de 24 CDD en tant qu'assistantes parlementaires. Et dès la mi-journée ce mardi, le Parquet national financier a publié un communiqué : «A la suite des révélations concernant Bruno Le Roux, diffusées sur TMC lors de l'émission Quotidien du 20 mars 2017 et reprises par la presse, le Parquet national financier a ouvert ce jour une enquête préliminaire sur les faits dénoncés.»

Cette réactivité rend très amusante, a posteriori, la lecture de quelques tweets de tenants de la théorie du complot, qui mettaient au défi le parquet de réagir pour Le Roux aussi vite qu'il l'avait fait pour Fillon. C'est chose faite. Yves de Kerdrel, directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, Hervé Morin ou encore l'ancien candidat à la présidentielle Frédéric Nihous seraient bien avisés de supprimer leurs tweets.