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Récap

Hollande mis en cause, suicide de Bérégovoy et dispute avec Christine Angot... Fillon à l'Emission politique

Fillon, candidat de la droite en 2017dossier
Le candidat de la droite à la présidentielle, François Fillon, a dénoncé sur le plateau de l'Emission politique, un «scandale d'Etat» et demandé une enquête sur l'existence ou non d'un «cabinet noir» à l'Elysée. Il s'est ensuite âprement disputé avec l'écrivaine Christine Angot.
François Fillon, invité d' Emission politique sur France 2, le 23 mars. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 23 mars 2017 à 22h05
(mis à jour le 23 mars 2017 à 23h27)

François Fillon, invité sur le plateau de l’Emission politique, sur France 2, a atteint un nouveau stade dans la dénonciation du complot, mettant directement en cause François Hollande.

Sur François Hollande 

«Je vais mettre en cause le président de la République», a d'abord averti François Fillon. «Il y a un livre qui sort ces jours-ci, dont j'ai pu lire les bonnes feuilles, qui a été écrit par des journalistes qui sont loin d'être mes amis, car deux d'entre eux sont du Canard enchaîné. […] Un livre qui explique comment François Hollande fait remonter les écoutes judiciaires qui l'intéressent à son bureau, ce qui est une illégalité totale», a-t-il affirmé. Le candidat faisait référence à Bienvenue Place Beauvau, Police : les secrets inavouables d'un quinquennat, écrit par les journalistes du Canard enchaîné Didier Hassoux et Christophe Labbé avec Olivia Recasens, dont des extraits ont été publiés par le très droitier Valeurs actuelles.

«Moi ce soir solennellement je demande qu'il y ait une enquête d'ouverte sur les allégations qui sont portées dans ce livre, parce que c'est un scandale d'Etat. Si ce qui est écrit dans ce livre est vrai, je pense que dans l'histoire récente de la Ve République, un chef d'Etat n'est jamais allé aussi loin dans l'illégalité, la prise de pouvoir sur des services sur lequels il ne devrait pas avoir autorité», a encore affirmé le candidat mis en cause.

Et de suggérer pour finir, que François Hollande se trouvant en incapacité de se représenter, aurait décidé de réduire à néant les chances «d'alternance».

Plus tard dans la soirée, le président de la République a déclaré «condamner avec la plus grande fermeté les allégations mensongères» du prétendant à sa succession et jugé que ces propos apportaient «un trouble insupportable» à la campagne. Il a également affirmé ne pas avoir été «informé» des affaires entourant François Fillon. «Le seul scandale ne concerne pas l'Etat, mais une personne qui aura à en répondre devant la justice», poursuit le communiqué.

Coup de théâtre à la fin de l'émission : le journaliste Karim Rissouli rapporte que Didier Hassoux, l'un des auteurs du livre cité par François Fillon, dément les accusations de ce dernier, estimant qu'il est dans une opération d'instrumentalisation. Il n'y a «pas de cabinet noir», a-t-il tranché.

Sur la justice

Le candidat a une nouvelle fois suggéré que la justice n'était pas aveugle, s'étonnant de sa rapidité. Du «jamais vu», selon lui. Sauf que le cas Le Roux lui donne plutôt tort. Et pour cause : le parquet national financier a ouvert une enquête le visant, moins de 24 heures après la révélation par l'émission Quotidien (TMC) de l'emploi de ses filles comme assistantes parlementaires. Elle n'a donc pas été particulièrement plus lente que pour François Fillon. Outre l'exemple récent de Bruno Le Roux, dans d'autres cas, comme pour les Football Leaks, les Panama Papers et, côté politique, les affaires de Kader Arif et d'Aquilino Morelle, la justice a fait preuve de rapidité.

Evoquant «des torrents de boue» qui se déverseraient sur lui, il a également déclaré : «ça m'a fait souvent penser à Pierre Bérégovoy», en référence à l'ancien Premier ministre socialiste, mis en cause dans une affaire de prêt et qui s'était suicidé en 1993. «J'ai compris pourquoi on pouvait être amené à cette extrémité», a-t-il assuré.

L’échange avec Christine Angot 

Cette référence a visiblement agacé Christine Angot, invitée mystère venue interroger le candidat. «Le pompon de toute cette histoire, c'est le coup de Bérégovoy, que vous nous avez fait tout à l'heure. Ça, ça passe pas», s'est-elle écriée. «Est ce que vous nous faites un chantage au suicide ?», a-t-elle interrogé. «Vous ne pouvez pas comprendre que je puisse être blessé ?», a alors répondu François Fillon. Et l'écrivaine d'ironiser : «oh ! Il me fait de la peine», tout en étant copieusement huée par le public.

Le candidat lui, a au contraire été applaudi par un public visiblement acquis à sa cause. «Le coiffeur de François Hollande, ça ça ne vous a pas choqué», a-t-il crû bon d'affirmer, comparant deux cas difficilement comparable.

Juste avant de quitter ce plateau ressemblant tour à tour à un théâtre ou un ring, Christine Angot a déclaré, à destination du public et à propos de David Pujadas : «Vous savez pourquoi il m'a fait venir ? Parce que ce que je viens de vous dire, eux, ils ne peuvent pas le dire». 

Sur les costumes

«J'ai fait une erreur de jugement, […] je les ai rendus», a assuré le candidat, en prenant soin de ne pas citer le nom du généreux donateur, l'avocat proche de réseaux de la Centrafique, Robert Bourgi. Le 16 mars, l'enquête sur de possibles emplois fictifs de l'épouse et des enfants de François Fillon a été étendue aux conditions dans lesquelles des costumes de luxe ont été offerts au candidat. Le parquet national financier a élargi l'enquête des juges d'instruction à des soupçons de trafic d'influence.

Sur sa société de conseil

Interrogé sur les révélations du Canard Enchaîné, qui affirme que François Fillon a touché 50 000 dollars (46 000 euros) pour organiser une réunion entre le PDG de Total, Patrick Pouyanné, un milliardaire libanais, Fouad Makhzoumi et Vladimir Poutine, le concerné a démenti. «Bien sûr que non», a-t-il martelé sur le plateau de France 2, dénonçant «un mensonge éhonté» et assurant avoir «effectué un travail de conseil pendant des mois» pour que l'entreprise Future Pipe Industries (FPI) «s'implante», sans plus de précision.

Sur son patrimoine

A la question «Etes vous un homme d'argent ?», le candidat s'est contenté de répéter que son patrimoine était moins élevé que celui de Jean-Luc Mélenchon. C'est vrai, mais la différence est légère. Et justement, sa déclaration suscite des questions, celle-ci apparaissant comme relativement faible par rapport aux sommes gagnées par le couple Fillon ces dernières années.

La performance de François Fillon a convaincu 28% des Français, le score le plus faible de tous les candidats passés sur le plateau, a indiqué le journaliste Karim Rissouli. En octobre, pour son précédent passage, il faisait 38%.