Ralliement, déclarations, chiffres : suivez avec Libération, semaine après semaine jusqu'à l'élection présidentielle, la vie mouvementée de l'auberge espagnole des soutiens d'Emmanuel Macron.
Le grand écart de la semaine
C'est un peu le risque de l'auberge Macron : à force d'ouvrir ses portes à droite et à gauche, il peut y avoir un peu de friture sur la ligne (politique). Ainsi, cette semaine, le responsable de «La Droite avec Macron» (et ex-secrétaire d'Etat chiraquien aux PME) Renaud Dutreil, vantait en Macron le fossoyeur du hollandisme… le jour même où un proche conseiller de François Hollande rejoignait le mouvement En marche, Bernard Poignant.
Fidèle parmi les fidèles de François Hollande puisqu'il a été son conseiller à l'Elysée depuis son élection en 2012, ce dernier a ainsi annoncé mardi qu'il quittait ses fonctions pour soutenir librement Emmanuel Macron. Un choix fait par «fidélité au quinquennat de François Hollande», assure-t-il. «Je ne peux porter ma voix sur un candidat qui a mené une fronde et a voulu censurer donc renverser le gouvernement nommé par le Président», explique Poignant, en référence au frondeur Benoit Hamon.
Quelques heures plus tôt, Renaud Dutreil expliquait pourtant qu'Emmanuel Macron n'avait «rien à voir avec le hollandisme» (insistant sur le fait qu'il n'y était passé que «de manière éphémère»). La preuve? C'est Macron qui «a enterré François Hollande», explique-t-il au Figaro. «Il fait le contraire de ce qu'a fait François Hollande : baisser les impots sur les sociétés, les charges sur les salariés», détaille Dutreil à LCI. «Il s'attaque à l'ISF, aux 35 heures. Il promet 60 milliards de baisse des dépenses publiques. Tout le contraire de ce qu'a fait François Hollande, qui n'a quasiment rien fait, qui a été le simple spectateur de sa tentation libérale mais qui n'est jamais entré dans le vif du sujet. Ils sont très très différents.»
Une sortie complètement contradictoire avec les propos tenus la semaine dernière par Jean-Pierre Mignard, un autre ex-conseiller de Hollande devenu membre du comité politique d'En marche, qui déclarait que l'actuel pensionnaire de l'Elysée «jouera un rôle important» dans la majorité de Macron. Du grand écart au claquage.
Le chiffre
Il y a désormais pas moins de 11 anciens ministres de Jacques Chirac, de la droite et du centre, qui soutiennent publiquement Emmanuel Macron : François Bayrou, Corinne Lepage, Jean-Jacques Aillagon, Dominique Perben, Philippe Douste-Blazy, Jean Arthuis, de Peretti, Renaud Dutreil, Jean-Paul Delevoye, Serge Lepeltier, Anne-Marie Idrac. Ces noms risquent bien de ne pas parler aux plus jeunes : ils ont en moyenne 67 ans et n’ont pour la plupart plus de mandat ou d’échéance électorale future.
Les nouveaux
Cette semaine est à placer sous le signe des ministres – de gauche et de droite –, avec l'arrivée du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, la secrétaire d'Etat à la biodiversité, Barbara Pompili, et le secrétaire d'Etat aux Sports, Thierry Braillard. Mais aussi d'anciens ministres : Dominique Perben (garde des sceaux) et Philippe Douste-Blazy (ministre des Affaires étrangères).
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Les déclarations
L'avertissement d'Emmanuel Macron, au JT de France 2 : «Que toutes celles et ceux qui se retrouvent dans un projet progressiste que je porte, apportent leur soutien, je m'en réjouis. Ce que je veux dire très clairement c'est qu'en même temps je suis le garant d'un renouvellement et d'une alternance profonde. Je dis simplement : ne pensez pas que vous allez retrouver les mêmes visages. C'est important d'être clair.»
Traduisons-le : «Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas parce que 10 ministres de 65 ans me rejoignent que vous les retrouverez dans mon gouvernement.»
La manière un peu particulière de Richard Ferrand de présenter les ralliements, sur Radio Classique : «Je constate que chaque jour des personnalités locales éminentes, de la droite, du centre mais aussi de la gauche s'expriment en faveur d'Emmanuel Macron.»
Traduisons-le : «Certes, sur les 72 parlementaires qui ont apporté leur soutien à Macron, on compte 53 socialistes pour un seul LR. Mais si on le présente à l'envers, on aura l'impression que c'est plus équilibré.»
La punchline de Raquel Garrido, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, sur Twitter :
La campagne de Macron c'est la nouvelle Ferme Célébrités. Has-beens et morts-de-faim prêts à tout pour se recycler.
— Raquel Garrido (@RaquelGarridoFr) March 23, 2017
Les «stars»
Cette semaine, Pierre Arditi (le vrai, pas celui de Twitter) et Laurence Haïm accueillent deux nouveaux membres dans le coin people de l'auberge Macron : Emmanuel Toula, l'adolescent qui a sauvé une enfant dans une voiture en feu en marge d'une manifestation pour Théo, et Catherine Laborde, ex-présentatrice météo de TF1 qui s'exprimera sur les thématiques autour du handicap pour En marche.