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Libération
Affaire Fillon

Penelope Fillon trouvait «généreux» son salaire à «la Revue des deux mondes»

Fillon, candidat de la droite en 2017dossier
Convoquée par les juges mardi, elle n'a jamais mis les pieds ni à l'Assemblée nationale ni à la «Revue des deux mondes», a-t-elle dit aux enquêteurs en janvier. Selon le «JDD», elle devrait maintenir sa défense devant les juges.
Penelope Fillon, ici le 23 mars 2017 sur le plateau de «L'emission politique» sur France 2 à Paris. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 26 mars 2017 à 12h38

Menacée par une mise en examen, que va lâcher Penelope Fillon devant les juges par qui elle est convoquée mardi ? Le Journal du dimanche révèle ce dimanche ce qu'elle a dit aux enquêteurs lors de son audition le 30 janvier, et qui pourrait constituer le socle de sa défense.

Sur ses emplois successifs comme assistante parlementaire, d'abord auprès de François Fillon (de 1998 à 2002), puis de son suppléant Marc Joulaud (2002-2007), puis de nouveau de son époux (2012-2013), Penelope Fillon a expliqué n'être jamais allée l'Assemblée nationale, à Paris. Ainsi, de 1998 à 2002, c'est depuis le manoir familial, à Sablé-sur-Sarthe, qu'elle aurait réalisé des tâches telles que «le traitement de courrier». Elle aurait aussi fait «des fiches et des mémos» pour François Fillon, et «il m'arrivait également de le représenter lorsqu'il était absent, notamment dans les événements culturels qui l'intéressaient moins…», a-t-elle expliqué.

De 2002 à 2007, quand François Fillon était ministre des Affaires sociales, c'est depuis leur appartement parisien qu'elle aurait poursuivi sa tâche d'assistante, cette fois auprès de Marc Joulaud (qui a été mis en examen vendredi pour «détournement de fonds publics par personne ayant autorité à l'occasion de prestations fictives ou surévaluées») : «Marc Joulaud souhaitait avoir une légitimité plus marquée sur la circonscription, l'influence de mon mari restait importante… ma présence pouvait lui apporter du poids dans l'exercice de son mandat», a-t-elle expliqué aux policiers.

«Je m'occupais essentiellement des contacts avec la Sarthe, c'était ma mission», a-t-elle aussi argué, étonnant un enquêteur qui lui a demandé : «En étant à Paris ?» «Oui, par exemple, j'emmenais le courrier reçu au domicile le week-end pour le traiter à Paris.» Et si durant cette période personne ne l'a, non plus, vue à l'Assemblée nationale, c'est parce que «cela tient à [son] souhait de rester dans l'ombre, pour des raisons de caractère».

Rebelote de 2012 à 2013, où François Fillon est redevenu député : Penelope Fillon se serait à nouveau occupée de tâches administratives, à temps plein, jusqu'à ce que son mari décide, fin 2013, de se présenter à l'élection présidentielle : «Il a été décidé que j'arrête mes fonctions et qu'il prenne d'autres personnes avec son enveloppe afin de l'assister dans cette nouvelle dynamique.»

Pas une seule visite à «la Revue des deux mondes»

Concernant la Revue des deux mondes, le JDD révèle que Penelope Fillon a indiqué n'avoir jamais mis les pieds dans les bureaux de la revue possédée par le milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière, qui l'a employée de 2012 à 2013 pour 3 900 euros nets mensuels, un salaire fixé par ses soins à lui. Car, a-t-elle affirmé : «Je n'avais pas de prétentions salariales.» Elle s'est tout de même dit que c'était «généreux». Surtout pour deux courtes fiches de lectures publiées sous un pseudonyme («Il s'agissait vis-à-vis de mon mari de ne pas l'embarrasser éventuellement si mon travail n'avait pas été satisfaisant»), même si elle assure en avoir écrit d'autres non publiées.

Mais il y a aussi la mission de conseil qui lui aurait été confiée. Les enquêteurs s'étonnent: «Vous avez effectué pendant vingt mois une mission de réflexion stratégique sur la Revue des deux mondes sans jamais y aller, ni rencontrer le directeur, ni les employés et auteurs de cette revue ?» s'étonne l'enquêteur. «J'ai été déçue de ne pas être plus sollicitée», a-t-elle répondu.

Penelope Fillon tiendra-t-elle le même discours devant les juges mardi ? Selon le JDD, elle pourrait être mise en examen pour «recel de détournement de fonds publics», «recel d'abus de biens sociaux» et «recel d'escroquerie aggravée».