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Libération
La France invisible

«Je ne suis plus objectif sur Fillon, il me répugne»

La France invisibledossier
Chroniques la France invisible : Marseille. (BiG)
par Stéphanie Harounyan, (à Marseille)
publié le 29 mars 2017 à 20h16

Pendant la présidentielle, Libération va sonder, chaque jour de la semaine, six lieux différents de la «France invisible». Ce jeudi, un club de handball près de Marseille.

«Gilles et Dédé sont en noir, ça sent la défaite, les mecs !» Les joueurs du jour ont déjà enfilé leur maillot d'entraînement. Julien, lui, est à la traîne. Entre deux chaussettes, le trentenaire prend quand même le temps de s'énerver sur la prestation de François Fillon à l'Emission politique, qu'il a suivie de bout en bout. «Je ne suis plus du tout objectif sur ce mec, souffle-t-il. Il me répugne… S'il gagne, je ne pourrai pas rester là.» Les autres le rassurent, le candidat LR est trop distancé dans les derniers sondages. «Moi, j'ai vu un autre sondage d'un organisme qui travaille à partir des infos trouvées sur les réseaux sociaux. Sur le Net, il est en tête», assure Julien. Et ce malgré sa sortie sur le supposé «cabinet noir» de l'Elysée, qui n'a convaincu personne dans le vestiaire. «S'il était blanc et qu'il avait dénoncé un cabinet noir, commence Gilles en se marrant, laissant aux autres le temps d'apprécier la blague, peut-être qu'il aurait été crédible. Mais là…» Les affaires, Fred n'a pas envie de revenir dessus. «On n'est pas dans une dérive, là ? s'énerve-t-il. Maintenant, c'est les montres ! Bientôt, on va dire qu'on lui a offert une chemise ! C'est bon maintenant, les élections approchent !»

Julien n'est toujours pas tranquille. «Tu dis que ses affaires occultent son programme, mais moi je ne crois pas, assure-t-il. Et quand tu le lis, c'est tout de même hyper violent !» Jusqu'à présent, le jeune homme voyait en Macron son plan B de vote, mais depuis une semaine, il lorgne du côté de Nicolas Dupont-Aignant : «Avec la polémique sur son éviction du débat de TF1, je me suis un peu intéressé à son programme, ça mérite d'être approfondi… même si son délire de fermeture des frontières et ses relents d'extrême droite me gênent trop pour voter pour lui.» Fred est d'accord, le candidat est intéressant, mais de là à voter pour lui… Gilles interrompt le débat, il a une nouvelle vanne : «Moi, c'est décidé, je vote pour l'ancien entraîneur du PSG… Blanc !» A vingt-cinq jours du premier tour, à défaut d'autre chose, mieux vaut en rire.