Le respect de la parole donnée. C’est peut-être un détail pour eux, mais pour nous ça veut dire beaucoup. François Fillon maintenant sa candidature malgré sa mise en examen, comme Manuel Valls faisant savoir, au mépris de ses engagements de candidat à la primaire, qu’il ne votera pas pour le vainqueur Benoît Hamon au premier tour de la présidentielle. Chacun à sa manière contribue à abîmer encore un peu plus le rapport de confiance entre responsables publics et citoyens. Entre candidats et électeurs.
Sur le cas Fillon, beaucoup a déjà été dit. Et c'est sans doute plus la nature des faits qui lui sont reprochés que ses piteux revirements qui valent à l'ancien favori de 2017 d'être nettement distancé par Emmanuel Macron ou Marine Le Pen et, désormais, d'avoir Jean-Luc Mélenchon dans le rétro. Dans ce dossier, l'abaissement de la parole publique est notable, il fut noté jusque dans les rangs de LR.
Ahurissant
Pour ce qui est de Manuel Valls, qui savonnait depuis des semaines dans les médias la planche du candidat Hamon – accusé en gros de ne pas suffisamment s’ouvrir au social libéralisme et de préférer parler (certes en vain pour l’instant) à la gauche de gauche –, l’affaire est d’un autre ordre. Mais elle a aussi trait à la confiance entre les électeurs et leurs élus. Voir le même Manuel Valls s’asseoir grossièrement sur le résultat de la primaire et défendre, par exemple, le respect du résultat du référendum sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est quelque peu ahurissant.
On se souvient combien le Premier ministre s’était agité, sans l’assumer, pour contribuer à une forme d’empêchement du chef de l’Etat sortant, en l’occurrence François Hollande. Déjà, Manuel Valls avait eu à subir un procès en fourberie et il n’a pas su, durant la primaire, dépasser cet obstacle pour apparaître comme le rassembleur naturel de son camp. L’homme est visiblement mauvais perdant et semble avoir du mal à accepter qu’une page d’histoire – la présidentielle puis les législatives de 2017 – s’écrive largement sans lui. Quitte à avoir désormais pour ambition d’être une force d’appoint de son ancien ministre, convaincu que celui-ci n’aura pas, s’il l’emporte en mai, de majorité en juin.
Force sondagière
Pour justifier son parjure, dont il se défend évidemment, Manuel Valls convoque un péril démocratique rendant son geste nécessaire. Autrement dit, il aurait pris ses responsabilités, forcément historiques, pour assurer la présence d’Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle. On notera qu’il le fait à un moment où son ancien ministre de l’Economie dispose d’une avance, certes fragile mais inédite, sur François Fillon. A bien y regarder, c’est davantage la force sondagière d’un Macron que la faiblesse d’un Hamon qui a poussé Valls à se précipiter vers le premier. Lequel, pas pressé d’apparaître comme l’héritier du quinquennat Hollande, s’est d’ailleurs contenté de prendre acte des propos de Valls tout en assurant qu’il n’en ferait pas un de ses ministres. Le candidat d’En marche s’était montré plus accueillant avec François Bayrou ou Jean-Yves Le Drian.