Elle ne veut pas s’installer à l’Elysée mais elle est candidate à l’élection présidentielle pour la deuxième fois. Nathalie Arthaud a succédé à Arlette Laguiller en tant que porte-voix de Lutte ouvrière (LO). L’autoproclamée «candidate communiste» a recueilli 0,56% des voix en 2012. Aux promesses, elle préfère les «objectifs de combat», elle qui compte instaurer un rapport de force pour défendre les classes populaires.
Interdiction des licenciements
C'est l'un des points centraux du programme de LO : Nathalie Arthaud veut interdire les licenciements et les plans de suppressions d'emplois sous peine de réquisitionner les usines. Premières visées par ce gel de la situation, «les entreprises qui font des bénéfices», explique la candidate dans son programme.
Celle qui veut s'adresser aux «petites mains sans lesquelles même les banques les plus puissantes ou les sociétés financières, les géants des assurances, ne pourraient pas fonctionner» part du postulat que «ce n'est pas le travail qui manque» et qu'il devrait donc être réparti «entre tous». Nathalie Arthaud se prononce ainsi pour une diminution des cadences et du temps de travail – mais sans s'avancer sur un nombre d'heures hebdomadaires, et pour une retraite à taux plein à 60 ans, avec 37,5 annuités de cotisation.
Lutte ouvrière va plus loin. Partant du constat qu'une minorité s'enrichit grâce à l'«exploitation des travailleurs», le parti propose aussi de ponctionner les fortunes pour créer des emplois et augmenter les salaires. LO envisage ainsi de «se saisir de leurs comptes en banque, de leurs patrimoines immobiliers, de leurs châteaux, de leurs hôtels particuliers, de leurs forêts domaniales. Priver de quelques dizaines de milliards Bernard Arnault ou Liliane Bettencourt ne les réduirait pas à la famine. Par contre, ces milliards pourraient servir à financer la répartition du travail entre tous, sans diminution des salaires», poursuit le texte du projet. Par ailleurs, une baisse des dotations de l'Etat aux entreprises permettrait de créer de l'emploi public dans les hôpitaux, l'éducation, les transports et même le bâtiment (pour construire des logements loués aux classes populaires).
Hausse des salaires
«Pas un salaire et pas une pension de retraite à moins de 1 800 euros !» réclame la professeure de sciences économiques dans un lycée d'Aubervilliers (93), promettant également une augmentation de 300 euros de tous les salaires. Par ailleurs, «il faut imposer l'indexation des salaires et des pensions sur le coût de la vie», ajoute-t-elle. En 2013, Nathalie Arthaud se prononçait aussi pour une politique fiscale plus favorable aux travailleurs : suppression des impôts indirects comme la TVA, les taxes écologiques ou celle sur la télévision et restriction de l'impôt sur le revenu aux «capitalistes sur les profits tirés de l'exploitation».
Pour Nathalie Arthaud, la hausse des salaires peut être en partie financée par un prélèvement sur les profits des entreprises et les dividendes des actionnaires. «Avec les 56 milliards de dividendes versés par les 40 plus grosses entreprises en 2016 à leurs actionnaires, il aurait été possible de créer 1,5 million d'emplois payés 1 800 euros net par mois, cotisations sociales comprises», compte-t-elle.
Partage des moyens de production
Dans la même logique, LO se prononce pour des nationalisations massives. La formation voudrait que les usines, les banques et les grands moyens de production appartiennent «à l'ensemble de la société, afin de les faire fonctionner dans l'intérêt de tous et pas pour le profit d'une petite minorité». Les profits des entreprises doivent bénéficier aux salariés.
Transparence des entreprises
Nathalie Arthaud réclame la transparence des comptes des entreprises et des grands groupes pour les salariés et la population, ainsi que la levée du secret bancaire et du secret des affaires. Une mesure contre l'«art de truquer» qui accroîtrait le contrôle des travailleurs sur les entreprises et permettrait «aux comptables, aux secrétaires, aux magasiniers, à tous les travailleurs de communiquer et de centraliser les informations dont ils disposent», estime Lutte ouvrière.
Mais aussi…
Nathalie Arthaud se conforme aux chiffres de la fondation Abbé Pierre pour réclamer 500 000 logements neufs par an. En attendant, elle souhaite interdire les expulsions locatives, encadrer les loyers dans le parc privé et réquisitionner les logements vacants.
Partisane d'une laïcité stricte, elle s'oppose au financement public de l'enseignement religieux et se prononce à la fois contre le voile – par féminisme – et contre une interdiction du port du voile à l'université.
Dans le débat qui l'a opposée à Jacques Cheminade sur le nouveau média Explicite, Nathalie Arthaud a estimé que l'Etat d'urgence «n'a plus lieu d'être» et s'est opposée au «mégafichier» TES qui prévoit de regrouper les données de tous les Français.
Par ailleurs favorable à une régularisation de tous les sans-papiers et à l’accueil des migrants, Nathalie Arthaud réclame une médecine gratuite pour tous et la dépénalisation du cannabis.