«Je mets au défi quiconque de rapporter une intervention de ma part, qu'elle soit écrite, orale, directe ou indirecte, depuis ma prise de fonction en septembre 2014.» Présenté comme un des artisans du prétendu complot visant François Fillon, Robert Gelli, le directeur des affaires criminelles et des grâces (DACG), a vivement réagi dans un mail adressé à l'ensemble des procureurs et procureurs généraux, que Libération s'est procuré. Ce message fait écho aux nouvelles accusations de Fillon sur l'existence d'un cabinet noir. Ce jeudi, sur France Inter, le candidat LR a affirmé que les documents publiés par le Canard enchaîné ont été directement «apportés» aux journalistes par «un service de l'Etat». «J'ai les dates, les jours, les personnes qui ont communiqué les documents», s'est emporté Fillon, précisant que Hollande était «bien sûr» derrière tout ça. Jeudi soir, le Parquet national financier annonçait qu'il n'ouvrira pas d'enquête.
Dépeint dans le livre Bienvenue Place Beauvau comme un des protagonistes de ce «système clandestin», Gelli s'insurge dans sa missive contre d'«intolérables insinuations», au moment où «la probité de l'institution judiciaire est si violemment attaquée». Dénonçant des «allégations mensongères» et des «propos calomnieux», il s'indigne aussi de voir son service réduit à une «officine à la solde des intérêts des plus hautes autorités». Rappelant que la loi de 2013 prohibant les instructions dans les dossiers individuels «constitue une rupture claire et nette dans les rapports entre le pouvoir exécutif et la justice», Robert Gelli se défend de toute instrumentalisation des affaires. Certes, les informations les plus sensibles remontent vers la chancellerie, mais en respectant la logique institutionnelle classique et avec une seule finalité, assure-t-il : «Permettre au garde des Sceaux de remplir les missions que la loi lui confère.»