Voilà bientôt trois semaines que la Guyane est agitée par un mouvement social de grande ampleur. Pour faire bouger les lignes plus rapidement côté exécutif, le collectif «Pou La Gwiyann dékolé» a durci son action en décrétant notamment à partir de ce lundi un «blocage total» du département.
La «sincérité du vote», clé de voûte du scrutin
Mais que se passe-t-il si la situation demeure extraordinaire, si les circonstances (blocages, pénurie d'essence…) empêchent le bon déroulement du scrutin ? Le Conseil constitutionnel sera amené à évaluer par le biais de ses délégués établis dans les bureaux de vote s'il y a un impact sur les résultats du premier tour. «La sincérité du vote prime sur sa régularité», précise-t-il.
Tout dépendra donc des écarts au premier tour. «Au plan national, si le différentiel entre le troisième candidat et le second est favorable, c'est-à-dire assez important, la sincérité du vote n'est pas remise en question et le premier tour ainsi validé, explique Pascal Jan. Il faudrait que l'écart soit minime pour arriver à une annulation.»
«Aucun précédent pour la présidentielle»
Concrètement, on comptabiliserait les électeurs qui n'ont pas pu se rendre à leur bureau de vote en faveur du candidat arrivé troisième, pour évaluer l'influence sur le résultat final. «C'est une règle en adéquation avec le suffrage», insiste-t-il. En Guyane, lors du premier tour de l'élection présidentielle de 2012, on a comptabilisé 76 874 inscrits sur plus de 46 millions d'inscrits en France. Lors du premier tour de 2002, un scrutin particulièrement serré, il y avait plus de 190 000 voix d'écart entre Jean-Marie Le Pen (16,86%) et Lionel Jospin (16,18%).
Certes, il peut y avoir des irrégularités autour du scrutin, mais de là à remettre en cause sa sincérité, il y a un monde. «On ne connaît aucun précédent pour la présidentielle. Seulement pour les législatives, signale Pascal Jan. La probabilité n'est pas nulle mais tellement improbable.»