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En Marche

A Pau, Bayrou et Macron côte à côte sur fond de Pyrénées

En escapade pyrénéenne, Emmanuel Macron ne pouvait faire l'économie d'un détour pour saluer son allié François Bayrou, même si la manœuvre peut être risquée pour le candidat, qui essaye de prendre des voix à droite.
François Bayrou (en arrière-plan) et Emmanuel Macron (au premier plan) à Pau, le 12 avril. (Photo Matthieu Rondel. Hans Lucas pour Libération)
publié le 12 avril 2017 à 22h35

Une entente parfaite. Attendu au Zénith de Pau en fin d'après midi, le candidat En Marche a écourté son escapade pyrénéenne au Tourmalet, pour venir saluer en sa mairie son «allié» François Bayrou. «Une poignée de main républicaine», glisse-t-on dans les équipes d'En Marche. Une bise plutôt, en retard d'une heure sur l'horaire prévu. Mais doublée des clichés de la rencontre, souhaités par Bayrou, sur fond de Pyrenées.

Même s’ils se parlent au quotidien, le candidat ne pouvait faire moins dans le fief du président du Modem. Dix jours plus tôt, à Nice, ne s’était-il pas complaisamment prêté au rituel républicain en compagnie de Christian Estrosi, ancien porte-flingue de Sarkozy ? Il s’agissait alors d’adresser un clin d’oeil appuyé à l’électorat de droite, dont il attend le renfort pour sortir des urnes en pole position au soir du 23 avril. Avec Bayrou, tel signal était moins nécessaire. Et même potentiellement contreproductif, le divorce entre le centriste et l’électorat LR étant consommé depuis son appel à voter Hollande en 2012. Mais à l’éviter, Macron risquait pire, la faute morale, le flagrant délit de goujaterie. Après avoir eu confirmation de la décision du candidat de faire escale en centre ville, Bayrou a mercredi matin battu le rappel de ses élus municipaux.

Satisfait du savoir-vivre de son allié, le Béarnais ne ménage pas en retour sa peine pour le valoriser. Devant un zénith bondé – «1 500 personnes sont bloquées derrière les grilles et ne sont pas parvenue à entrer dans cette salle ! » – le vétéran de la présidentielle couvre de louange ce «jeune homme de Picardie atypique, audacieux, favorisé par la chance mais qui a su la forcer». Macron qui prend la suite à la tribune n'est pas non plus en manque de compliments : «Je veux rendre hommage au Henri IV de Pau et au Bayrou de Pau !», s'enthousiasme t-il avant de balayer sa «vision» une heure durant devant les plusieurs milliers de Basques, Gascons et Béarnais installés dans les gradins.

A onze jours du premier tour, Macron abandonne lui aussi les faux semblants. L'après midi, au col du Tourmalet, il avait dit vouloir «garder le maillot jaune», revendiquant ainsi pour la première fois son statut de favori à la présidentielle. Au Zénith, c'est cette même confiance qui l'habite : «Nous allons gagner !» hurle t-il, jusqu'à déraper dans les aigus, erreur qu'il n'avait plus faite depuis la porte de Versailles. «La page que nous allons tourner est historique et à portée de main !». D'un geste, il invite Bayrou a le rejoindre. Et c'est côte à côte que les deux alliés entament la Marseillaise.