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Tribune

Candidats à la présidentielle, engagez-vous pour la solidarité internationale

Un collectif d'associations appelle les prétendants à l'Elysée à prendre en compte, dans leurs programmes, l'urgence climatique et sociale dans le monde. Elles font des propositions concrètes.
Lors du grand débat, le 4 avril. (Photo Lionel Bonaventure. AFP)
par Un collectif de
publié le 13 avril 2017 à 15h04

Signataires : Action Aid France-Peuples solidaires, CCFD-Terre solidaire, Oxfam France, Secours catholique-Caritas France.

Le premier tour de l’élection présidentielle approche et l’analyse des programmes des candidats à l’aune de la nécessaire solidarité internationale laisse pour le moins perplexe. Nous sommes plus de 7 milliards de femmes et d’hommes sur la planète. Chaque jour plus interdépendants et chaque jour collectivement confrontés aux décisions politiques, économiques, sociales, et écologiques de nos dirigeants. Cette interdépendance impacte tous les aspects de notre vie. Certains choix déstabilisent nos sociétés, provoquent des crises mondiales.

Pourtant en France, les candidats à l’élection présidentielle ne semblent pas prendre la mesure de l’urgence climatique et sociale et de son spectre international. Peu nombreux sont celles et ceux qui ont un programme à la hauteur du changement de paradigme à effectuer et des mesures nationales et internationales à prendre pour que toutes et tous, sur notre territoire national comme ailleurs, vivent mieux. Ce débat reste trop absent de cette campagne. En réaction au repli sur soi et à l’individualisme, nous avons un programme pour la France : promouvoir la solidarité en France et dans le monde.

Redistribution des richesses

Face aux crises que nous traversons, et face aux bouleversements sociétaux qu’elles représentent, les politiques publiques ne sont pas à la hauteur des enjeux. Pourtant, des solutions existent. Des choix politiques essentiels s’offrent à nos futurs dirigeants afin de dépasser les inégalités, les catastrophes climatiques et une honteuse (et bien mal nommée) «crise des réfugiés». Il en est du devoir de nos responsables politiques d’écrire, grâce à des mesures de solidarité ambitieuses, un nouveau chapitre : celui du partage équitable des richesses, de la justice climatique, de la souveraineté alimentaire et des droits humains.

Actuellement, huit milliardaires possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale, soit 3,6 milliards de personnes. En France, 21 milliardaires possèdent autant que les 40% les plus pauvres. Des multinationales imposent les règles du jeu d’un capitalisme sauvage, en se déresponsabilisant des impacts de leurs activités sur les droits humains et l’environnement, ou encore en échappant à l’impôt. Résultat : c’est 60 milliards à 80 milliards d’euros qui, chaque année, n’entrent pas dans les caisses de l’Etat français.

Malgré ce constat, la lutte contre l’évasion fiscale et la régulation du secteur privé ont une place encore trop limitée dans les programmes des candidats, quand elles n’en sont pas totalement absentes. Pire, sans avoir intégré les leçons de la crise financière de 2008, nombre de candidats, sous la pression des lobbies, se disent favorables à une dérégulation du secteur financier, quitte à provoquer une nouvelle crise.

Agriculture paysanne et transition écologique

Les questions agricoles et alimentaires sont un enjeu international majeur. Nous ne pouvons pas accepter qu’en 2017, dans une société d’abondance, une personne sur huit souffre encore de la faim dans le monde et qu’aujourd’hui, dans la Corne de l’Afrique, 20 millions de personnes risquent la famine. Et ce alors que la crise climatique menace la sécurité alimentaire de millions de personnes sur Terre.

Face à ces enjeux, la France a le devoir d’abandonner les initiatives qui promeuvent l’agrobusiness. Nous attendons de nos futurs dirigeants qu’ils soutiennent les agricultures paysannes et les pratiques agro- écologiques, seules à même d’assurer le respect du droit à l’alimentation de toutes et tous, sans nuire aux équilibres écologiques de notre planète.

En outre, alors que les populations les plus vulnérables subissent déjà de plein fouet les conséquences des dérèglements climatiques, pour respecter l’accord de Paris signé à l’issue de la COP21, la France doit sortir au plus vite des énergies fossiles, investir massivement dans les renouvelables, et aider les populations les plus pauvres à faire face au changement climatique.

Accueillir les migrants

L’Europe est au cœur du plus grand flux de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale : les conflits, les violences terroristes, la répression mais également une pauvreté endémique jettent sur les routes des millions d’hommes et de femmes. Nous ne pouvons ni nous barricader ni détourner les yeux. Nous ne pouvons laisser à d’autres la tâche de «traiter la question». Nous avons un devoir de solidarité et d’accueil, qui va de pair avec la fin de l’externalisation de notre politique migratoire. Nos futurs dirigeants honoreront la France en s’engageant dans cette voie.

C’est à tous ces défis que le(a) futur(e) président(e) de la République devra répondre. En s’engageant en faveur de nos quinze propositions, il est encore temps d’inverser la donne, et de remettre la France sur le chemin de la solidarité. C’est une question de courage politique, de volonté et de vision. Parce que le(a) futur(e) président(e) de la République doit se donner l’ambition d’une France plus solidaire dans un monde plus juste. Pour les cinq ans à venir, nous lui demandons de prendre le parti de la solidarité.