Ralliement, déclarations, chiffres : suivez avec Libération, semaine après semaine jusqu'à l'élection présidentielle, la vie mouvementée de l'auberge espagnole des soutiens d'Emmanuel Macron.
Le chiffre : deux (nouveaux) ministres
Alors qu'on pensait qu'il n'y aurait plus d'arrivées en provenance du gouvernement, surtout depuis le ralliement de Jean-Yves Le Drian, deux ministres de François Hollande ont annoncé soutenir Emmanuel Macron. Mais pas n'importe qui et pas n'importe comment.
Jean-Marie Le Guen, ministre de la Francophonie et proche de Manuel Valls, a ainsi expliqué qu'il voterait Macron… mais uniquement du bout des lèvres, et à ses proches. «Mon vote ne correspond pas à un désir profond et il n'y a pas non plus un désir profond d'Emmanuel Macron pour que j'en fasse l'annonce», a ainsi confié le ministre, cité par Marianne.
Le second a été nettement plus franc, mais n'est pas socialiste, puisqu'il s'agit de l'ex-patron du Parti radical de gauche Jean-Michel Baylet. «Parce qu'il est le plus à même de tenir la ligne dans laquelle je me reconnais. Que ce soit sur le plan idéologique – nous partageons beaucoup de valeurs, notamment sociétales – ou sur le plan économique. Et aussi parce qu'il me semble le mieux placé pour battre des candidats que je ne souhaite pas voir accéder à l'Elysée», a expliqué Baylet, qui avait pourtant participé à la primaire de la gauche, pour justifier son choix.
Un ralliement qui pourrait bien être très moyennement apprécié du côté d'En marche. En mars, au moment des premières rumeurs d'un ralliement de Baylet, France 3 Occitanie faisait en effet état de tensions du côté des troupes de Macron. «On ne peut pas refuser un soutien. Mais franchement en termes d'image de renouvellement et de modernité, Jean-Michel Baylet, c'est pas top», expliquait ainsi un soutien local, quand d'autres assuraient carrément que la présence de Baylet aux côtés de Macron serait rédhibitoire pour eux.
Surtout, le ralliement de Baylet semble doublement contrecarrer la stratégie d'En marche. Dès mars, les cadres du mouvement assuraient ne plus vouloir de membres du gouvernement (à l'exception notable de Le Drian) et d'attendre des ralliements venus des rangs de la droite (qui ne sont jamais venus). Et ces derniers jours, l'entourage de Macron expliquait vouloir mettre fin à l'épopée des ralliements successifs, pour atténuer précisément l'image d'auberge espagnole, à quelques jours du premier tour. C'était sans compter sur Baylet.
Le point Medef
C'est sans doute le ralliement qui est passé le plus inaperçu : celui de Thibault Lanxade, aperçu parmi les VIP au meeting de Bercy par des journalistes de LCI. Moins connu que ses acolytes ministres, Lanxade est un chef d'entreprise devenu en 2015 vice-président du Medef. Aujourd'hui soutien de Macron, il saluait en 2016 les programmes des candidats à la primaire de la droite : «[Ils] reprennent les revendications que nous avons portées depuis plus de trois ans au Medef», se félicitait alors Lanxade.
Le coin people
L’auberge Macron a ouvert grand ses portes, notamment lors du meeting d’Emmanuel Macron ce weekend à Bercy aux stars du show business au sens large. On y trouvait pêle-mêle les chanteuses Keren Ann et Line Renaud, l’acteur Vincent Lindon, la réalisatrice Marjane Satrapi, le footballeur Yohan Cabaye ou les animateurs Stéphane Bern, Bernard Montiel et Christophe Beaugrand.
A noter que le ralliement d'un chanteur n'est pas forcément du goût de ses fans : au Printemps de Bourge, Renaud a essuyé des sifflets lorsqu'il a évoqué son soutien à Macron. Il était temps que l'auberge ferme ses portes. En attendant un (éventuel) deuxième tour.