INTOX. Invité d'Europe 1 ce mardi 18 avril, François Fillon a expliqué n'avoir rien à voir avec les sifflets dirigés contre les journalistes lors de son meeting de la veille, à Nice. «Si la presse se fait siffler, ça n'est pas à ma demande, au contraire, j'essaie à chaque fois de…», explique le candidat LR, coupé par le journaliste Fabien Namias. «Il faut aussi parfois vous poser la question de savoir si vous avez zéro responsabilité dans cette situation», poursuit le candidat LR. «Pendant deux ou trois mois, on a fait, tous les jours, du Fillon bashing. La moindre information sortant des officines de Mediapart ou du Canard enchaîné était sur vos antennes avant même d'être vérifiée. Il y a un peu de colère chez les militants, qui sont des hommes et des femmes engagés, qui ont eu à un moment l'impression que la victoire allait leur échapper.»
DÉSINTOX. Comme l'explique le journaliste du Point Olivier Pérou, non seulement Fillon n'a rien fait pour prendre la défense des journalistes, comme il le sous-entend pourtant, mais il les a bien littéralement pointés du doigt.
Je veux plutôt vous parler d'une scène où François #Fillon a clairement invité son public à nous siffler, sans raison valable /4 #FillonNice
— Olivier Pérou (@OlivierPerou) April 18, 2017
Alors qu'un homme dans le public avait interrompu François Fillon (en criant «Rends l'argent !» à en croire d'autres journalistes présents), quelques caméras et photographes se sont approchés du perturbateur pour prendre des images. A ce moment-là, l'ancien Premier ministre a interrompu son discours pour s'en prendre à «l'ensemble des médias». «C'est drôle. Il suffit qu'il y ait une personne qui émette un jugement critique pour que l'ensemble des médias sortent de salle pour le suivre. Une. Une ! Une !», a ainsi lancé Fillon, tout en pointant du doigt les journalistes concernés pendant de longues secondes. Il n'a repris le cours de son discours qu'après quarante secondes de sifflets et de quelques «Fillon président».
Et à ce moment-là, Fillon lançait une première intox : à en croire le journaliste du Point, ce n'est absolument pas «l'ensemble des médias» qui est sorti pour suivre le trublion, mais trois caméras et autant de photographes. «Nous sommes – pour la grande majorité des journalistes qui couvraient le meeting – sagement restés dans l'espace presse. Regardant la salle, nous avons tenté de montrer que "l'ensemble des médias" n'avaient pas bougé mais les gens nous huaient toujours. Certains à quelques mètres de nous nous criaient dessus, d'autres nous lançaient insultes et doigts d'honneur», raconte ainsi Olivier Pérou.
En marge de cet «incident» (et plus largement dans une campagne où les médias sont devenus des cibles), plusieurs journalistes ont été directement pris à partie lors du meeting de Nice de Fillon. David Perrotin, qui travaille pour Buzzfeed, explique ainsi avoir été «agressé par le service de sécurité privé, qui voulait effacer [ses] images» pendant que son collègue Paul Aveline était «menacé» pour les mêmes raisons. Hortense Gérard, journaliste à BFM TV, a, elle, été la cible de crachats de la part de militants fillonistes. Cette fois, promis juré (craché), Fillon n'y serait pour rien.