Menu
Libération

Marine Le Pen Bannir les langues étrangères de l’université

Les idées qui n'ont pas émergé. Ils les ont défendues pourtant elles n'ont pas "pris" dans l'opinion. Zoom sur une mesure de chaque candidat, ni anecdotique ni anodine restée dans l'ombre d'une campagne atypique.
publié le 20 avril 2017 à 18h56

C'est la 96e des 144 propositions formulées par Marine Le Pen dans son programme : «Défendre la langue française. Abroger notamment les dispositions de la loi Fioraso qui permettent de restreindre l'enseignement en français dans les universités.» Si la candidate du FN n'entend pas interdire les cours de langues vivantes, elle souhaite revenir au principe de la loi Toubon de 1994, qui disposait dans son article 1 : «La langue française est un élément fondamental de la personnalité et du patrimoine de la France. Elle est la langue de l'enseignement, du travail, des échanges et du service public.» Il y a quatre ans, la ministre socialiste Geneviève Fioraso a introduit dans sa loi relative à l'Enseignement supérieur et à la Recherche la possibilité pour les universités de dispenser des cours dans d'autres langues que le français, ce qui n'était jusque-là permis que pour les classes de langues vivantes ou lorsque le professeur était étranger. Plusieurs établissements, comme les Instituts d'études politiques (IEP), l'université Paris-Est-Créteil et celle de Toulouse-Capitole avaient déjà pris la liberté d'inclure dans leur cursus des cours en langue étrangère (principalement en anglais). Mais la proposition de la ministre a fait face à une fronde d'universitaires et de l'Académie française, inquiets que l'université se tourne vers le monde anglo-saxon plutôt que de préserver sa langue. En mars 2013, Geneviève Fioraso répliquait dans nos pages : «Si nous n'autorisons pas les cours en anglais, nous n'attirerons pas les étudiants de pays émergents comme la Corée du Sud et l'Inde. Et nous nous retrouverons à cinq à discuter de Proust autour d'une table, même si j'aime Proust…»

Finalement, la loi Fioraso, qui portait de manière plus générale sur l’autonomie et le rayonnement des universités, a été adoptée sans les voix de l’UDI, de l’UMP et du Front de gauche.

Si Marine Le Pen est élue, les étudiants pourront donc dire adieu aux cours en anglais (qu’ils pourront toujours travailler en téléchargeant des séries en version originale, la présidente du FN souhaitant supprimer Hadopi).