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Libération
Billet

Fillon et Le Pen dans le piège de l'EI

A la suite de la fusillade sur les Champs-Elysées, les candidats LR et FN ont annoncé la suspension de leur campagne, tout en se focalisant sur les questions de terrorisme en organisant des points presse.
Déclaration de Marine Le Pen vendredi au lendemain de l'attaque sue les Champs-Elysées. (Photo Laurent Troude pour Liberation)
publié le 21 avril 2017 à 13h15
(mis à jour le 21 avril 2017 à 14h33)

Il ne faut pas que cette fin de campagne soit monopolisée uniquement par les questions de terrorisme car c’est exactement ce que cherche à faire l’Etat islamique (EI) : provoquer la terreur, focaliser les discussions autour de cette menace, diviser, pousser les politiques à céder à la facilité… Et c’est ce qui est en train de se passer chez François Fillon et Marine Le Pen qui tombent dans ce piège à des fins purement électoralistes et stratégiques, alors que les deux candidats de la droite dure et extrême traversent une dernière semaine difficile avant le premier tour.

Jeudi soir, France 2 a décidé de bousculer son dernier round télévisé Quinze minutes pour convaincre en laissant les candidats réagir à chaud aux premières informations faisant état d'une attaque terroriste sur les Champs-Elysées. La chaîne publique aurait pu faire autrement, repenser les règles du jeu et encadrer encore plus la parole pour éviter des dérapages et une surenchère qui n'ont pas manqué d'arriver dans la soirée. Le candidat LR en tête qui a annoncé en direct qu'il y avait d'autres interventions en cours dans Paris, donnant crédit à des rumeurs infondées et vite démenties par la police mais pas par lui.

Contagion de la terreur

Ce genre d'exercice à chaud ne donne jamais de bons résultats. Le frontiste Florian Philippot vient d'en faire l'expérience en mettant au crédit du terrorisme islamiste l'attentat contre les joueurs de football de Dortmund peu de temps après les faits. On sait aujourd'hui que les faits ont probablement plus à voir avec une folle et incroyable spéculation financière qu'avec l'EI, qui n'en attend pas moins de nos hommes politiques pour favoriser la contagion de la terreur.

Après les faits de jeudi soir, Marine Le Pen et François Fillon ont annoncé la suspension de leur campagne, tout en organisant des points presse dédiés aux questions de terrorisme. Annuler ses derniers déplacements pour, par exemple, ne pas surcharger le travail des policiers est une intention louable. En profiter pour jouer l'instrumentalisation à plein tube en est une autre. Beaucoup moins louable. Et les appels à l'unité ne font guère illusion quant à la volonté de certains d'aller sur un terrain qu'ils pensent leur être plus favorable à deux jours du scrutin. Quitte à raconter n'importe quoi comme quand la candidate FN assure qu'elle aurait été en mesure d'empêcher des attaques précédentes.

Dans toutes les déclarations qui ont suivi l'attentat de jeudi, on ne retiendra qu'une phrase, celle du Premier ministre, Bernard Cazeneuve, qui doit donner le ton à tous alors que cet attentat recèle encore bien des zones d'ombre : «Rien ne doit entraver ce moment démocratique fondamental.» Et c'est bien un objectif prioritaire pour l'Etat islamique que de fragiliser nos fondamentaux. Par tous les moyens.