Menu
Libération

A La Villette, Macron rediabolise le FN

publié le 1er mai 2017 à 20h36

Entre Macron et Le Pen, désormais, c'est France contre France. Celle des «optimistes» face à la France «grimaçante», qui joue sur les peurs et «la colère». Lundi après-midi, à La Villette, dans le XIXe arrondissement de Paris, le candidat d'En marche tenait son dernier grand meeting d'avant le second tour, devant 12 000 personnes, selon le mouvement. Quelques heures plus tôt, la candidate du FN l'avait étrillé en appelant à «faire barrage à la finance», qui «a cette fois un visage et un nom» (lire page 3). Emmanuel Macron l'a renvoyée dans les cordes : «Marine Le Pen l'a parfaitement résumé avec sa grossièreté bien connue, c'est en "En Marche ou crève". Eh bien, elle a raison, En marche, c'est nous !» La foule de militants ponctue chaque phrase de son discours fleuve et quelque peu en roue libre de «Macron président» et «on va gagner», avant d'inaugurer un nouveau slogan anti-FN, «on n'en veut pas».

Au premier rang, Ségolène Royal s'est installée. Elle s'est «invitée cet après-midi», soupire un conseiller de Macron. Alors que Le Pen le dépeint en héritier de Hollande, sa présence n'était pas forcément recherchée… Aux côtés de son alléchante triade de «progressistes» - Gérard Collomb, François Bayrou, Jean-Yves Le Drian - d'autres figures du PS comme Bertrand Delanoë et Harlem Désir. A chaque huée visant Le Pen, Macron reprend la formule d'Obama ciblant Trump : «Ne sifflez pas, battez-la». Quand vient le tour de Nicolas Dupont-Aignan : «Ne le sifflez pas d'avantage, le pauvre… Il avait déjà perdu. Il est maintenant déshonoré». Macron s'emploie à rediaboliser Marine Le Pen : «Ce qu'[elle] propose c'est le repli sur soi, la misère et la guerre. Et cela, on n'en veut pas !»

En quête de reports de voix, il s'adresse par ailleurs à ceux «qui doutent et ne [l'ont] pas choisi». S'il n'envisage aucunement de revenir sur sa réforme du travail, comme le lui a intimé Jean-Luc Mélenchon, il dit son «respect» à ceux qui voteront pour lui pour battre le FN et qui «combattront» son projet s'il est élu. «Je veux protéger le cadre de nos désaccords respectifs», a-t-il juré, sans pourtant avoir l'intention de reculer : «Changer mon programme ? Ce serait trahir les électeurs… Ces réformes sont efficaces. Nous les ferons.» Et Macron de se poser en grand réconciliateur des deux France, avec des accents télévangélistes. Avant de conclure, grandiloquent, que c'est «l'héritage politique intellectuel et moral de la République» qui est en jeu. Photo Marc Chaumeil