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Législatives

Les centristes hésitent entre cohabitation et coalition

Selon Jean-Christophe Lagarde, le soutien apporté par Borloo à Macron ne remet pas en cause l'accord noué par les centristes avec LR pour les législatives. Mais certains à l'UDI penchent pour une coalition avec En marche.
Le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, en mars 2016. (Photo Alain Jocard. AFP)
publié le 2 mai 2017 à 19h18

Du soutien apporté par Jean-Louis Borloo, l'ancien ministre de l'Ecologie de Nicolas Sarkozy, à la candidature d'Emmanuel Macron, les centristes font surtout remarquer que le fondateur de l'UDI «ne remet pas en cause l'accord électoral» conclu avec LR. «Il soutient les candidats de l'UDI. Bayrou, lui, soutiendra les candidats d'En marche», souligne Jean-Christophe Lagarde. Même constat pour Maurice Leroy, député du Loir-et-Cher : «L'appel de Jean-Louis Borloo est légitime. Il ne conteste en rien l'accord avec LR.»

L'actuel président de l'UDI s'est entretenu vendredi avec Jean-Louis Borloo au sujet de son intervention dans les colonnes du JDD. «Nous sommes absolument sur la même ligne. Il faut faire barrage au FN et il est plus facile pour les centristes de voter pour Macron avec qui nous partageons certaines choses comme l'attachement à l'Europe que pour un autre candidat», explique le député-maire de Drancy (Seine Saint Denis), pour qui «voter Macron ne signifie pas que l'on devient macronistes le lendemain. Les électeurs qui ont voté Chirac en 2002 n'ont pas adhéré au RPR après le second tour.» Même l'offre de service à peine voilée faite par celui qui depuis son retrait de la vie politique, s'est consacrée à sa fondation pour l'électrification de l'Afrique trouve grâce aux yeux des centristes. «Jean-Louis est quelqu'un qui fait et aime faire. Il a des idées notamment sur la jeunesse. Un peu sur le modèle de ce qu'il a fait pour la rénovation urbaine», poursuit Jean-Christophe Lagarde.

«Les législatives sont loin d’être jouées»

Et les centristes ne cachent pas qu'ils s'inscrivent plutôt dans la perspective d'un gouvernement de cohabitation avec le leader d'En marche au soir du second tour des législatives. Ils sont dans la droite ligne des propos tenus par François Baroin, qui, la semaine dernière, déclarait sur CNews que «si les Français veulent une alternance sans équivoque, s'ils veulent tourner la page de Hollande et de Macron réunis […], alors ils choisiront un gouvernement de droite et de centre-droit». Pas question pour lui d'envisager une forme de coalition rassemblant députés macronistes, centristes et LR. «Une cohabitation a le mérite de la clarté», estime Maurice Leroy. Pour Jean-Christophe Lagarde, «les législatives sont loin d'être jouées. Le débat qui n'a pas eu lieu à la présidentielle se déroulera aux législatives. Et les électeurs qui ont choisi Macron, un peu par défaut et sans être d'accord avec son programme, feront un tout autre choix aux législatives».

Mais, dans les rangs centristes, tous ne rejettent pas l'hypothèse d'une large coalition. «La vision et le projet d'Emmanuel Macron, social, européen, la rénovation politique qu'il porte, tout cela correspond à ce pourquoi le centre s'est battu depuis des années», rappelle, l'ancien ministre et député européen Jean Arthuis, un des premiers à rejoindre les rangs d'En marche. Au sein de l'UDI, certains la souhaitent et jugent que le discours de François Baroin tient «de la posture». «Si le président nouvellement élu ne dispose pas d'une majorité à l'Assemblée nationale et si une coalition gouvernementale ne se met pas en place alors il n'aura d'autres choix que de dissoudre l'Assemblée et vous imaginez les députés fraîchement réélus retourner de gaieté de cœur devant les électeurs ?» résume un député centriste.