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économie

Protectionnisme : «Fermer notre porte entraînerait d'autres fermetures en face»

Pour Bernard Reybier, patron de la PME de mobilier d'extérieur Fermob, très exportatrice, fermer les frontières en matière d'industrie n'est pas la solution.
Bernard Reybier, en 2014 à Lyon. (Photo Jeff Pachoud. AFP)
publié le 4 mai 2017 à 17h36

Fermob est l'un des exemples de ces entreprises qui fabriquent en France et qui, sur un positionnement «qualité et design», se sont développées à l'étranger. Patron de cette PME de mobilier de jardin , Bernard Reybier a repris l’entreprise en 1989 à la barre du tribunal de commerce et l'a fait fructifier . Il emploie 325 personnes, produit à Thoissey (Ain) et exporte à 50%.

Que vous inspire cette campagne où il a été question de «protéger» l'industrie française en fermant nos frontières ?

Par rapport aux politiques, j'ai deux règles. La première, c'est que je n'ai jamais compté sur leur aide. Le chef d'entreprise que je suis et qui a réussi à développer son entreprise ne compte d'abord que sur lui-même. La seconde, c'est qu'entre ce que disent les politiques et la réalité de l'application de leur programme, il y a des différences significatives. Ils font deux métiers : le premier consiste à se faire élire, le second à gouverner.

Mais si cette gouvernance aboutit à dresser des barrières présentées comme une protection pour votre activité ?

Je fais 50% de mes 74 millions d'euros de chiffre d'affaires à l'étranger, dans 40 pays dont les principaux sont l'Allemagne et les Etats-Unis. Je suis heureux que des gens m'ouvrent leur porte. Des comportements qui consisteraient à fermer la nôtre entraîneraient d'autres fermetures en face.

Le «protectionnisme intelligent» dont parle Marine Le Pen n'a donc pas de sens ?

Personnellement, je suis pour l'intelligence mais moyennement favorable au protectionnisme. Ce sont des amalgames de mots pour faire des expressions. De plus, en France, 100% des entreprises dépendent à un moment ou à un autre d'une prestation réalisée sur un territoire voisin. Je suis dans l'Ain, j'achète de l'acier et je suis plus proche des aciéries de l'Italie du nord que de celles de Dunkerque. Un fournisseur qui se situe à 300 kilomètres peut être plus intéressant qu'un autre à 600 kilomètres et je ne me pose pas la question de savoir s'il y a une frontière entre nous.

Et si la France sortait de l'euro ?

A un moment, le principe de réalité s'impose. Les retours en arrière récents de Marine Le Pen le montrent bien. Je crois au pragmatisme. Je vais vous dire comme tout le monde que l'euro m'a simplifié la gestion mais les entreprises françaises sont adaptables : elles se sont adaptées au 35 heures et elles ont quand même fait en sorte d'être parmi les entreprises les plus productives du monde. Je suis un citoyen bien entendu, mais j'ai aussi le devoir d'assurer à mes collaborateurs la pérennité de l'entreprise.