Menu
Libération
Reportage

Somme : le village d’Ennemain se prépare au dernier meeting de Le Pen

La candidate du Front national doit tenir, ce jeudi, son dernier rassemblement de campagne. En organisant l’événement dans cette commune de 230 habitants, le parti veut encore une fois mettre l’accent sur la ruralité.
Préparation pour le discours de Le Pen, ce jeudi à Ennemain. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 4 mai 2017 à 18h19

Le clocher de l’église Saint-Martin n’est plus le point culminant de la commune d’Ennemain (Somme). Pour cette journée, il a été supplanté par un «booster» de 40 mètres de haut, une attraction foraine prenant la forme d’un bras articulé. L’engin a été posé sur le terrain de foot de ce petit village où Marine Le Pen tiendra ce jeudi son dernier rassemblement de campagne, à trois jours du second tour de la présidentielle. «Grande fête populaire, Marine en Picardie», vante l’affiche placardée devant la mairie.

A 18h30, la candidate du Front national prendra la parole «pour s'adresser à la France des oubliés, la France de la ruralité», annonce Eric Richermoz, le secrétaire départemental du parti d'extrême droite dans la Somme : «On ne voulait pas uniquement parler des problèmes, mais aussi rendre hommage aux fêtes populaires et champêtres auxquelles les Français sont attachés.»

Plusieurs cadres attendus

Les symboles sont là : quelques bottes de paille empilées à droite de la scène et les briques rouges de l’église en toile de fond. En début d’après-midi, les militants frontistes s’affairent pour compléter les décors. Sous une grande tente, ils gonflent des ballons de baudruche, forcément bleu-blanc-rouge, et préparent des drapeaux tricolores. Mais pour le reste, c’est le calme plat. La commune de 230 habitants, qui a voté à 37,5% pour Le Pen le 23 avril, semble endormie. Quelque 600 personnes sont pourtant attendues pour le dernier meeting de Le Pen, qui devrait être suivi de «petites attractions» et d’un repas campagnard.

Doit-on prévoir un chamboule-tout avec les portraits de tous les représentants du «système» tant honni ? «Absolument pas, on n'est pas pour l'incitation à la violence», dit Richermoz. En revanche, plusieurs cadres du parti sont attendus ce jeudi soir : le comédien Franck de Lapersonne, candidat aux législatives dans la circonscription voisine, Florian Philippot, peut-être Gilbert Collard…

«Désertification»

Le maire «sans étiquette» d'Ennemain, Patrice Grimaux, regarde les troupes du Front national préparer l'événement. Lui n'a rien eu de spécial à faire, c'est le parti qui se charge de tout. «Cela ne coûtera rien à la commune», avance-t-il. Il y a quelques semaines, il avait donné son parrainage à Marine Le Pen, sensible à sa position pour les «petits villages» et la «ruralité». Il parle de la «désertification», des «commerces qui ferment», du «premier docteur qui se situe à 15 kilomètres de là». Et espère que si «Marine passe, les maires auront un peu plus de pouvoir».

Certains de ses administrés se sont inquiétés du chambardement causé par une manifestation de cette ampleur. Il a tenté de les rassurer, certifiant que le bus scolaire pourrait effectuer son trajet comme d’habitude. Une position que Christophe, habitant de la commune, ne comprend pas : «Ce genre d’événement ne sert que la promotion des petits arrivistes du FN. On n’a pas besoin de ça pour se faire son opinion.» Ce jeudi soir, il restera chez lui.