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Libération
Reportage

Hollande en Corrèze : «Je pense aux bonheurs de servir la France qui m’ont été donnés»

Le président a effectué une dernière tournée de bureaux de vote ce dimanche, après avoir voté à Tulle.
François Hollande vote à Tulle pour le second tour de l'élection présidentielle, le 7 mai. (Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 7 mai 2017 à 20h23

Une fois de plus, François Hollande leur a échappé. Embarqué dans une ultime tournée des bureaux de vote en Corrèze dimanche, le chef de l’Etat bifurque à droite à la sortie de la salle de l’Auzelou sur les hauts de Tulle, faussant brièvement compagnie à ses gardes du corps pour grimper jusqu’au stade Alexandre-Cueille. Il est 11h, interrompant ses visites frénétiques de dernière minute dans ce qui fut son fief de 1981 à 2012, le président pile devant les grands écrans du Sporting Club Tulle Corrèze branchés sur BFMTV : Emmanuel Macron est en train déposer son bulletin dans l’urne au Touquet. Hollande croise les mains l’une sur l’autre, toise en silence et à distance ce futur héritier, malgré ou grâce à lui.

L'instant se prolonge, malgré le chahut des joueurs en claquettes Speedo derrière lui. La télé annonce un direct d'Hénin-Beaumont, où Marine Le Pen vient de voter. «Bon, là on ne va pas rester, allez, allez», intime Hollande à sa suite présidentielle, qui repart au pas de course.

«Continuer la marche»

Sept heures, cinq villages et huit bureaux de vote visités, deux déjeuners avalés : Hollande veut en profiter jusqu'à la dernière seconde. Avant 10 heures, en avance sur le planning et flanqué de son successeur à la mairie de Tulle, Bernard Combes, il a voté dans la salle de l'université populaire, prenant consciencieusement les deux bulletins du deuxième tour. Il y a quinze jours, il avait failli oublier celui de Benoît Hamon avant d'être rappelé à l'ordre par Combes. En sortant, les journalistes voudraient capter la mélancolie présidentielle, Hollande se dérobe, toujours. «Mon successeur aura, avec sa propre vision, ses propositions, à continuer la marche», glisse le chef de l'Etat qui devrait remettre les clés de l'Elysée à Emmanuel Macron dimanche prochain.

La semaine dernière, sa cote de popularité à lui a encore baissé, le poussant vers la sortie médiatique. Laguenne, Chameyrat, Saint-Hilaire-Peyroux, Saint-Mexant : à chaque étape, Hollande qui a réussi à être aussi transparent que mystérieux pendant cinq ans, est sommé de parler de ses émotions. «A 20 heures [dimanche soir], je vais penser aux Français […] aux bonheurs de servir la France qui m'ont été donnés, aux sacrifices qui ont dû être faits, d'abord par les Français, consent-il à répondre. Mais aussi à ma mère parce qu'elle n'était plus là quand j'ai été élu et que ce que j'ai fait, je l'ai aussi fait pour qu'elle soit fière. Je pense qu'elle pourrait l'être.» Au terme de ce quinquennat qui se termine en queue de poisson, le président plus impopulaire de la Ve République reconnaît avoir son «propre rôle» dans cette rupture, «mais il faut être deux pour être aimé».