Cette présidentielle aurait vu l’avènement du quadripartisme. Ce serait l’un des principaux enseignements du premier tour. Quatre blocs dont chaque candidat – Le Pen, Macron, Mélenchon, Fillon – a obtenu entre 19% et 23%, avec un Parti socialiste out, tel serait le nouveau rapport de forces du pays. Singularité supplémentaire du cru 2017 : la non-qualification du représentant du PS comme de celui de LR pour le second tour.
Mais sans les affaires, où en serait la candidature de François Fillon ? Si François Hollande avait été candidat, où en serait le Parti socialiste et que serait devenue l'aventure d'Emmanuel Macron ? Si Benoît Hamon n'avait à l'inverse pas été candidat, combien aurait obtenu Jean-Luc Mélenchon ? Et au final, quel aurait été le casting du deuxième tour ? Chacun a sa réponse à ces questions. Elles démontrent en tout cas que cette présidentielle, plus encore que les autres, aura été le fruit d'un cocktail de circonstances exceptionnelles. La photographie finale désignera davantage celui qui sera le mieux passé entre les gouttes qu'elle ne figera notre nouvelle géographie politique.
Monde d’après
Ce seront donc bien les législatives des 11 et 18 juin – on entend déjà le FN se saisir de la date du second tour pour en faire un symbole – qui révéleront la réalité politique du pays. Le moins qu'on puisse dire est que celle-ci s'avère très incertaine. La droite, majoritaire avant le naufrage Fillon, profitera-t-elle de ce scrutin pour se refaire une santé électorale et imposer une cohabitation ? Emmanuel Macron, sur la lancée de sa victoire annoncée, disposera-t-il in fine d'une majorité solide à défaut d'être absolue ? Le PS, profitant de candidats bien implantés, réussira-t-il à reprendre le leadership à gauche quand Jean-Luc Mélenchon, fort de ses 7 millions de voix au premier tour, est bien décidé à se poser en premier opposant. Seule certitude, le Front national, sans l'aide de la proportionnelle, va faire une entrée historique à l'Assemblée nationale.
Si le nombre de triangulaires et de quadrangulaires s'annonce historiquement important en juin, impossible de dire que le PS, parce que son candidat n'a obtenu que 6% au premier tour, en sera systématiquement exclu. Ou qu'En marche, parce que son candidat a cartonné à la présidentielle, fera un carton dans toutes les circonscriptions. Bref, si la simple présence de Macron au second tour et sa très probable victoire – sur le dos du PS, de LR et de Mélenchon – constitue une secousse sans précédent sous la Ve République, il est encore trop tôt pour décrire le monde d'après. Celui que viendra consolider le résultat des législatives. Si on se fie à ce qu'affirment Mélenchon et Le Pen, nous serions entrés dans une période de tripartisme, sans LR et le PS. Quand Macron se voit, au nom de tous les progressistes, dans un face-à-face durable avec le FN.