Depuis le début de la campagne d'Emmanuel Macron, son épouse Brigitte est omniprésente. Dans quelques jours, la professeure de français, qui s'est mise en disponibilité de l'éducation nationale pour suivre son mari, devrait revêtir l'habit de «première dame». Une fonction purement symbolique car la Constitution française ne prévoit aucun statut pour l'épouse du chef de l'Etat. Pourtant, Emmanuel Macron pourrait bien bouger les choses.
Alors qu'il était encore candidat à l'élection, l'ancien ministre a en effet affirmé son souhait d'instaurer un «statut de la première dame ou du premier homme», afin de mettre fin à «une forme d'hypocrisie». «Je souhaite qu'un cadre soit défini et je demanderai qu'un travail soit conduit en la matière. […] Elle [Brigitte Macron] aura son mot à dire sur ce qu'elle veut être. Par contre, je veux sortir d'une hypocrisie française. […] Il faut que la personne qui vit avec vous, elle puisse avoir un rôle, qu'elle soit reconnue dans ce rôle», avait-il indiqué dans l'émission Elysée 2017 sur TF1, en avril (à écouter à partir d'1h10).
Secrétariat, cabinet et officiers de sécurité
Car actuellement, – mis à part une circulaire de la loi du 3 avril 1955 qui prévoit qu'en cas de mort d'un ancien président, son épouse touche la moitié de sa retraite –, aucun texte officiel ne mentionne le conjoint du chef de l'Etat. Le rôle et la fonction de la première dame ne sont donc pas définis par des règles et protocoles écrits.
Jusqu'à présent, toutes les premières dames ont pourtant bénéficié d'un secrétariat, d'un cabinet et d'officiers de sécurité. Anne-Aymone Giscard d'Estaing, Danièle Mitterrand, Bernadette Chirac, Carla Bruni-Sarkozy puis Valérie Trierweiler ont dû, tour à tour, et chacune dans leur style, trouver leur place à l'Elysée, sans savoir formellement pour autant le rôle qu'elles devaient tenir.
Un flou sur le rôle qui était notamment apparu en 2013 avec Valérie Trierweiler. La journaliste s'était attiré les foudres de la sphère politique après avoir encouragé aux législatives à La Rochelle le candidat PS dissident Olivier Falorni, principal adversaire de Ségolène Royal, qui était quant à elle soutenue par François Hollande. La première dame s'était par la suite excusée et avait souligné le manque de clarté quant au rôle qu'elle occupait.
Après la séparation du couple présidentiel, un sondage BVA réalisé en 2014 pour le Parisien montrait que 54% des Français souhaitaient que la conjointe du président ne joue plus aucun un rôle et n'ait plus de moyens alloués.
«Un rôle à la first lady ?»
Quel rôle pourrait jouer Brigitte Macron à l'Elysée ? «Un rôle officiel, ça dépend comment on l'entend. Elle aura le rôle qu'elle a toujours eu auprès de moi. Elle m'a toujours accompagné, parce que c'est mon équilibre de vie, c'est comme ça que nous fonctionnons. Elle n'a jamais été rémunérée par la République, de près ou de loin. Elle ne sera pas rémunérée par la République», avait affirmé Emmanuel Macron lors d'une interview donnée à RTL en mars.
Emmanuel Macron pourrait donner à sa femme Brigitte un rôle qui se rapproche de celui de la première dame aux Etats-Unis. Outre-Atlantique, la First Lady n'est pas non plus reconnue par la Constitution. Mais son rôle n'est plus remis en cause. En plus de s'afficher aux côtés de leur époux, les premières dames endossent un rôle institutionnel et associatif. Elles perpétuent, depuis des décennies, la tradition américaine en se distinguant pour leurs actions caritatives.
«Dès l'origine, elles [les first ladies, ndlr] sont sorties de leur cadre, elles ont fait un pas sur le devant de la scène, et elles ont exercé une influence bien plus grande qu'on ne le pensait. Au fil des années, elles se sont affirmées, grignotant de plus en plus de responsabilités pour participer au pouvoir, l'infléchir, parfois secrètement, et bientôt le prendre tout entier», expliquent les auteurs Dominique Simonnet et Nicole Bacharan dans First Ladies. A la conquête de la Maison Blanche (Perrin).
Reste à savoir si la première dame française se montrera aussi influente et engagée que l'a été l'avant-dernière First Lady, Michelle Obama.