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Libération
Chômage

Hollande : les premiers jours du reste de sa vie politique

Bientôt sans emploi mais pas encore inactif, le Président pousse Cazeneuve comme chef de file du PS aux législatives pour peser sur son parti.
Hollande et Macron, lors de la cérémonie du 8 Mai à Paris. (Photo Stéphane De Sakutin. AFP)
publié le 8 mai 2017 à 19h46

En marge, mais pas trop. Après avoir mené une campagne présidentielle parallèle pendant cinq mois et demi - pour discréditer le FN et réhabiliter son bilan -, François Hollande a basculé dimanche dans le reste de sa vie politique. Contrairement à Nicolas Sarkozy, qui avait claironné qu’il se retirerait de la politique, le chef de l’Etat sortant ne renonce à rien mais a, en plus, bien l’intention de peser sur la suite, à commencer par les législatives.

Depuis quelques semaines, Hollande pousse Bernard Cazeneuve à prendre la tête des socialistes pour mener la bataille contre le FN et la droite, mais aussi tenir les digues face à une éventuelle vague En marche. Un rôle accepté à reculons par le Premier ministre, qui veut bien aider les «copains». Mais devenir l'hologramme d'un président en embuscade et l'éphémère chef d'une bérézina annoncée, très peu pour lui.

Avant même l'annonce des résultats, dimanche, Hollande a donc pris les choses en main. «Il faut affirmer votre identité aux législatives, a intimé le chef de l'Etat aux ministres invités dans son bureau. C'est ce soir qu'il faut marquer une ligne politique.»

6 %. Après avoir consacré près de quarante ans de sa vie au PS, «Hollande veut travailler à ce que les 6 % de la présidentielle [le score de Hamon, ndlr] ne deviennent pas un 6 % aux législatives, analyse une secrétaire d'Etat. La politique ne s'arrête jamais, il ne s'arrêtera pas une minute. Il veut préserver le PS, pour éviter qu'il ne disparaisse.»

La question de la ligne, elle, a été tranchée par le PS, qui doit présenter sa plateforme programmatique ce mardi (lire page 8), diluant fortement les idées défendues par Hamon pendant sa campagne. «Il vaut mieux en avoir une que trois, des lignes», résumait Hollande dimanche en Corrèze.

Pour une grosse partie du gouvernement, dont son porte-parole, Stéphane Le Foll, face à Macron il faut être conciliant et prudent. A moins que ce ne soit le contraire. «Se dire dans l'opposition, c'est souhaiter l'échec de Macron, et ça, c'est le rôle de la droite, rappelle Marisol Touraine. Nous, nous devons apporter une contribution, une exigence de progrès social» dans la future majorité, ajoute la ministre de la Santé.

Mais certains ministres, du même âge que Macron, sont sur une ligne d'autonomie vis-à-vis d'En marche, à l'instar de Najat Vallaud-Belkacem, Matthias Fekl ou Pascale Boistard. «Je ne serai pas une frondeuse mais une résistante, prévient la secrétaire d'Etat. Je ne serai pas dans la majorité présidentielle et je l'écrirai noir sur blanc. Dans une société en dislocation, il y a des choses fondamentales à défendre. L'intérêt général, ce n'est pas has been.»

99 résistants. Même s'il promet de laisser du champ à Macron pour qu'il entre dans son rôle élyséen, Hollande ne prendra pas le large longtemps. Dimanche, il a fait une tournée des bureaux de vote corréziens flanqué de son successeur à la mairie de Tulle, Bernard Combes, qui brigue un siège de député. «Si on me demande mon avis sur Bernard ou sur d'autres, je le donnerai, mais je ne ferai pas un tour de France», prévient le Président en petit comité. Pas de tournée électorale, mais des sauts de puce quand même. A la manière d'un Lionel Jospin qui, retiré sur l'île de Ré, rendait régulièrement visite aux socialistes réunis chaque été à La Rochelle. Hollande sera de retour dès le 9 juin en son fief de Tulle, pour l'hommage aux 99 résistants pendus par les SS en 1944. «Il va venir soutenir certains d'entre nous pendant les législatives», confirme un autre membre du gouvernement candidat en Ile-de-France et qui a assisté à la séance de coaching présidentiel dimanche : «Il est très engagé, entièrement dans l'après.»

Le calendrier politique

Ce mardi Le PS réunit à la Mutualité ses candidats aux législatives. 11 mai «La République en marche» aura bouclé ses investitures. Coup d'envoi de la campagne du PCF au gymnase Japy (Paris XIe). 13 mai Convention nationale de La France insoumise. 14 mai Passation de pouvoir à l'Elysée. 19 mai Date limite d'inscription en préfecture pour les candidats. 20 mai Lancement de campagne pour LR. 11 et 18 juin Elections législatives.