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Libération

Législatives : François Baroin ressort le programme dispendieux de Sarkozy

publié le 9 mai 2017 à 21h46

On efface tout et on recommence. Comme si la présidentielle n’avait jamais existé, le nouveau chef de file de la droite dans la bataille législative, le sénateur LR François Baroin, présente ce mercredi un projet de gouvernement qui contredit, sur plusieurs points, celui qu’il avait défendu avec François Fillon. La hausse de la TVA est ainsi abandonnée, tout comme l’ambition de supprimer en cinq ans un demi-million d’emplois publics. La défiscalisation des heures supplémentaires, jugée nocive par l’ancien Premier ministre, serait en revanche restaurée. Dans un périlleux exercice d’amnésie collective, les dirigeants de la droite ont tiré un trait sur les débats qui avaient animé la primaire 2016.

Car le texte approuvé mardi par le bureau politique ressemble à un recyclage des propositions que Nicolas Sarkozy, alors président de LR et candidat non déclaré à la primaire, avait fait approuver en juillet 2016 par le conseil national du parti. Tout comme Alain Juppé et Bruno Le Maire, François Fillon avait alors refusé de valider ce programme, estimant que le débat devait être tranché par les électeurs de la primaire. Après avoir consacré la campagne présidentielle à défendre la «cohérence» d'un projet «courageux» qui ne cachait rien des «efforts nécessaires», la droite se lance dans la campagne législative avec le souci de «parler» aux classes moyennes et populaires, selon elle maltraitées par le programme d'Emmanuel Macron. Pour prendre leur revanche les 11 et 18 juin, elle semble prête à reléguer au second plan le combat pour la compétitivité et contre les déficits, priorités absolues du candidat Fillon. Baroin en affiche une autre : parce que «les Français n'en peuvent plus», il promet une baisse de 10 % de l'impôt sur le revenu. Ce virage sera peut-être difficilement négociable pour beaucoup de responsables LR qui croyaient défendre, avec Fillon, «le courage de vérité» . La hausse de la TVA, abandonnée, n'était-elle pas promue par les deux finalistes de la primaire ? C'était, disaient-ils, «le seul moyen» pour alléger les charges pesant sur les entreprises, diminuer le coût du travail et provoquer le «choc de compétitivité» dont le pays a besoin. Quant à la restauration de la défiscalisation des heures supplémentaires - imposée par Nicolas Sarkozy en 2007 puis supprimée par la gauche - Fillon expliquait que cette mesure contredisait l'objectif de sortie des 35 heures, autre priorité des électeurs de la primaire.