De mémoire, jamais bureau national du Parti socialiste n'avait duré aussi longtemps sous l'ère Jean-Christophe Cambadélis. Plus de trois heures salle Marie-Thérèse Eyquem pour discuter, non pas des déclarations matinales de Manuel Valls et de sa circonscription, mais du programme législatif qui accompagnera les candidats socialistes réunis l'après-midi même à la Maison de la mutualité, à Paris. Pas de vote mais, à la fin, un accord trouvé sur un texte, trop Macron-compatible à leur goût, que les soutiens de Benoît Hamon à la présidentielle voulaient revoir. Exit donc la reprise de propositions emblématiques du nouveau président, comme «la suppression de la taxe d'habitation pour 80% des foyers», inscrite noir sur blanc dans les avant-projets de cette «plateforme programmatique».
«Une plateforme pour une gauche constructive et vigilante a été approuvée par le bureau national» s'est réjoui Cambadélis sur Twitter une fois la réunion hebdomadaire des socialistes terminée.
Une plateforme pour une gauche constructive et vigilante a été approuvée par le Bureau National du @partisocialiste #DirectPS
— Jean-Chr. Cambadélis (@jccambadelis) May 9, 2017
Propositions phares de Hamon effacées
Mais au même moment, devant les grilles de la rue de Solférino, le premier lieutenant de Benoît Hamon, l'eurodéputé Guillaume Balas, faisait entendre une autre musique que celle de la synthèse. Devant la forêt de micros et caméras dressée devant lui, il explique que cette plateforme «reste encore aujourd'hui très largement insuffisante en termes de lignes rouges». Certes, la mention «sans diminution des droits des salariés» a été ajoutée au paragraphe sur la future réforme du code du travail et le titre de la «partie 2» – «Pour une gauche utile car constructive» – a disparu. Malgré ça, «ce n'est pas satisfaisant», répète Balas pour qui il faut «aller beaucoup plus loin» sur les «questions écologiques» et «être plus audacieux» sur les réformes démocratiques.
En clair : les amis de Benoît Hamon ne digèrent pas de voir les propositions phares de leur projet présidentiel – revenu universel d'existence, contribution sociale sur les robots… – effacées du programme du PS. Et la ligne «autonome», choisie par Cambadélis au lendemain du premier tour, prendre le chemin d'un soutien – même critique – à la future majorité Macron. «Il faut que le PS dise ce qui nous sépare d'Emmanuel Macron, réclame Balas. Ce qui est important, c'est qu'il y ait une gauche claire pour les Français. Nous avons avec Emmanuel Macron des désaccords de fond.»
Plateforme commune à toute la gauche
Résultat, malgré cet accord trouvé par la direction du PS, Benoît Hamon prépare ses «propres propositions» pour les législatives, a confirmé Balas. Et il les présentera, «dans les heures ou les jours qui viennent», a-t-il précisé. Dimanche soir, l'ex-candidat à la présidentielle avait déjà fait un pas hors de son parti, se disant disponible pour «constituer la base d'une plateforme commune à toute la gauche», ouverte aux «socialistes, écologistes, citoyennes, communistes, insoumis».
Après la claque présidentielle, Hamon voulait se donner un peu de temps avant de lancer un nouveau mouvement «d'ici l'été». Un meeting est déjà programmé début juillet. Mais la situation à gauche, avec les législatives, a changé ses plans. Dans son entourage, on confirme : «On accélère les choses.» Une matinale radio est prévue mercredi matin, et un 20 heures très vite.
[ Campagne des élections législatives des 11 et 18 juin 2017 - plateforme programmatique ]