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Libération
édito

Faire le tri

publié le 11 mai 2017 à 20h36

Rien ne justifie une autocensure qui ne ferait qu'aggraver les fantasmes existants. Lorsque les «MacronLeaks» ont surgi, juste avant le second tour, avec une volonté de déstabiliser un scrutin démocratique, nous avons d'abord décidé d'en décrypter l'origine, et de dénoncer cette tentative de manipulation. Puis est venue une question sensible dont la rédaction de Libération a discuté longuement : devons-nous investiguer sur ces éléments de la campagne d'En marche et en publier certains le cas échéant ?

Pour nous, la réponse est oui, comme n’importe quelle information devenant publique. Elle est encore plus oui quand il s’agit d’une matière inflammable consultable par tous. Le travail journalistique prend alors tout son sens. Mais ce n’est pas un oui sans condition. Notre travail est de démêler l’info de l’intox et d’en mesurer la portée, de faire le tri entre les «fake news» et l’information. A l’inverse, il aurait été facile de nous reprocher de ne pas exploiter ces éléments et de nous accuser de partialité. Nous avons donc choisi d’explorer, avec toute la rigueur qu’exige ce genre d’enquête, des milliers de mails et d’échanges concernant le financement d’En marche, nous les avons recoupés en interrogeant de nombreux témoins, les personnes concernées, nos propres sources… Plusieurs soutiens d’Emmanuel Macron ont accepté de confirmer leur appui financier. Pour les autres donateurs, nous avons choisi de ne pas divulguer leur nom sans leur assentiment. A l’arrivée, les réponses que nous avons trouvées sont loin du poison que certains voulaient répandre.