Ils avaient dit qu'ils changeraient le visage de la République en renouvelant les visages sur les bancs de l'Assemblée nationale dès le mois de juin. Le mouvement politique d'Emmanuel Macron, La République en marche, a dévoilé ce jeudi une partie des candidats aux élections législatives des 11 et 18 juin. Parmi les critères imposés : le renouvellement, la parité, la probité, le pluralisme politique et «la cohérence». Passage en revue des promesses.
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Dévoiler le nom de tous les candidats : raté
Seuls quatorze noms avaient été officialisés au mois d'avril. Et finalement, contrairement à ce qui avait été annoncé, ce ne sont pas 577, ni 450, mais seulement 428 noms qui ont été dévoilés ce jeudi… dont quatre – Mourad Boudjellal, Augustin Augier, ainsi que les députés François Pupponi (PS) et Stéphane Saint-André (PRG) – qui ont d'ores et déjà démenti leur candidature.
Mon communiqué suite à la diffusion de la liste des #investitures de #laRepubliqueEnMarche dont je n'ai pas sollicité l'investiture. pic.twitter.com/l8zrox9g4Y
— François Pupponi (@fpupponi) May 11, 2017
On a donc 424 noms pour l'heure et pourtant… ce lundi encore, Richard Ferrand, secrétaire général du mouvement (et accessoirement député du Finistère et désormais candidat à sa succession), assurait que tous les noms de candidats seraient donnés en même temps.
D'après ses déclarations de jeudi, la commission des investitures du mouvement, composée de neuf membres et présidée par Jean-Paul Delevoye, a dû examiner 19 000 dossiers depuis janvier, «sans compter l'afflux de quelques milliers de candidatures ces derniers jours», a-t-il ajouté.
Il manque 152 candidatures à rendre publiques, pour atteindre 576, puisque personne chez En marche n'affrontera Manuel Valls, candidat à Evry. «Sur les circonscriptions non présentées : nous souhaitons maintenir un espace pour permettre le rassemblement le plus large», a encore justifié jeudi Richard Ferrand, dans un subtil appel du pied aux élus de droite.
50% de femmes, dans des circonscriptions gagnables : tout juste (pour l’heure)
Ce n'était visiblement pas une mince affaire de respecter la loi sur la parité. En janvier, Emmanuel Macron avait déjà dû encourager les femmes à faire acte de candidature.
À toutes celles qui pensent que la politique n'est pas faite pour elles : https://t.co/I8CWZEfj2o pic.twitter.com/c8f5KXLZzG
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 28, 2017
D'ailleurs, d'après Richard Ferrand, la commission n'a reçu que 29% de dossiers féminins. Malgré tout, ce jeudi, ce sont 214 noms de femmes et 214 noms d'hommes qui ont été dévoilés. Une stricte égalité qui devra être maintenue d'ici la semaine prochaine, avec l'ajout des prochaines candidatures de la majorité présidentielle.
50% de membres de la société civile : à peine plus (pour l’heure)
La confusion régnait cette semaine. Après des mois de campagne (et de promesses), on ne savait plus trop : qu'est-ce que la «société civile» pour les troupes de Macron ?
Jean-Paul Delevoye a semé le trouble en affirmant que des maires, des conseillers départementaux ou régionaux pourraient être considérés comme issus de la société civile avant de revenir sur ces propos. Puis il a rectifié : «La définition pure, c'est que membre de la société civile : aucun mandat, c'est-à-dire que ce sont des hommes et des femmes qui découvrent pour la première fois l'engagement. J'avais émis une petite nuance en disant "lorsque vous êtes maire, je considère, moi, que cela fait partie de la société civile". Mais quoi qu'il en soit, malgré ces deux définitions, nous aurons largement plus de 50% d'hommes et de femmes qui seront issus de la société civile», a-t-il expliqué sur France 2.
D'après Richard Ferrand, c'est finalement 52% tout juste de candidats issus de la société civile qui ont été présentés ce jeudi : à savoir des hommes et femmes qui «n'ont jamais exercé de mandat électif et n'exercent aucun mandat politique». Parmi eux, 93% sont en activité professionnelle, 2% en recherche d'emploi, 4% retraités et 1% étudiants, a précisé le député, ajoutant que «l'âge moyen est 46 ans. […] Le plus jeune a 24 ans et la plus âgée 72 ans».
Parmi les personnalités estampillées «société civile» et connues du grand public, on note par exemple la candidature du mathématicien Cédric Villani dans la cinquième circonscription de l'Essonne, ou de la torera Marie Sara dans la deuxième circonscription du Gard (face au député bleu Marine Gilbert Collard).
Pas plus de trois mandats pour les candidats : c’est bon, pour le moment
Parmi les critères de sélection des candidats, les candidats hors société civile n'avaient pas le droit de cumuler plus de trois mandats parlementaires dans le temps.
Sur la liste dont nous disposons pour l'heure, on trouve un peu plus d'une vingtaine de députés socialistes sortants (dont il faut soustraire ceux qui ont démenti). Parmi ceux qui confirment leur candidature, on retrouve par exemple Richard Ferrand et Christophe Castaner (élus députés PS pour la première fois en 2012), ou Monique Iborra en Haute-Garonne (en fonction depuis 2007). D'après Richard Ferrand, 95% des candidats dévoilés «ne sont pas des députés sortants».
24 parlementaires sortants sont investis par La République En Marche. #laRepubliqueEnMarche
— Richard Ferrand (@RichardFerrand) May 11, 2017
La règle des trois mandats a d'ailleurs été fatale à Manuel Valls puisque c'est elle qui a été avancée par le secrétaire général pour justifier que l'ancien Premier ministre n'a pas été investi. «La candidature de Manuel Valls ne correspond pas à nos critères de renouvellement. Mais à ce stade, nous ne lui opposons pas de candidat», a déclaré Ferrand.