On a beaucoup évoqué les goûts culturels éclectiques, à la fois old school et populaires, du nouveau président. S'il aime la musique classique, il ne détesterait pas prendre son petit-déjeuner devant Télématin, apprend-on sur le site Slate - une perversion qu'il risque de devoir abandonner à l'Elysée. Pour en avoir le cœur net, nous avons interrogé un écrivain qui l'a longuement suivi ces derniers mois, Philippe Besson, auteur du récent Arrête avec tes mensonges (Julliard).
«Emmanuel Macron a un amour des lettres et des arts, une proximité avec les artistes, une curiosité permanente et la certitude que la culture est la clé de beaucoup de choses, notamment de l'émancipation. J'espère que cela se traduira en termes politiques mais, au moins, son goût pour la culture ne fait pas de doute. A l'adolescence, son ambition, c'était l'écriture. Pas la finance. Pas la politique. Pas le pouvoir. Il s'est rêvé en écrivain. Il a même écrit des romans, qui dorment dans un tiroir. Je crois qu'il aurait aimé être René Char ou Romain Gary. Il a une passion pour la langue française. Je me souviens d'un déplacement avec lui à Villers-Cotterêts, là ou François Ier a pris la fameuse ordonnance connue pour être l'acte fondateur du français. Cela avait une importance particulière pour lui. Il est même un peu trop respectueux de la langue française, il devrait prendre plus de libertés avec elle, parfois. En cinéma et en musique, il a des goûts très classiques, très français. Il aime le cinéma de Michel Audiard, connaît par cœur les répliques des Tontons flingueurs. Ses chanteurs préférés sont Brel, Ferré, Barbara, Aznavour. Quand on le pousse un peu, il finit par concéder qu'il aime bien Christine and the Queens, Daft Punk ou Adele. Mais ses fondamentaux sont assez traditionnels. Il va régulièrement à la Comédie-Française. Je me souviens d'avoir échangé avec lui au sujet de Lucrèce Borgia qu'on y a donné récemment. En matière de peinture, je connais moins ses goûts. Mais un jour que je me trouvais à Florence, sortant de la chapelle Brancacci, je l'ai eu au téléphone et nous avons évoqué les mérites respectifs de Masaccio et Fra Angelico. Je crois qu'il a un penchant pour la Renaissance italienne.»