«Nous recomposerons jusqu'au bout, nous renouvellerons jusqu'au bout !» Albi, le 4 mai : dernier meeting de campagne de Macron. Une promesse qui sonne comme un avertissement, voire une menace envers «les forces classiques de la vie politique française». Pour lui, jamais élu avant l'investiture suprême et autoproclamé «métèque en politique» (même si, de Sciences-Po à l'ENA, il a suivi le parcours type du président de la Ve), le renouvellement de la classe politique est une priorité. Une conviction, on l'imagine, mais surtout une nécessité puisqu'il lui faut créer ex nihilo une majorité parlementaire à sa main pour gouverner.
Du spoil system qu'il entend mettre en place dans l'administration aux investitures de La République en marche (LREM), avec ses 50 % de novices garantis, Macron veut injecter du sang neuf, son coup de balai à lui. Qu'en est-il dans les faits ? Les 428 candidats LREM présentés jeudi dans un concert de couacs (lire page 14) respectent pour le moment les engagements du candidat. Leur âge moyen est de 46 ans, soit 24 ans de moins que la moyenne des députés siégeant à l'Assemblée sortante, et la parité homme-femme demandée par la loi est atteinte. Sauf que chez Macron, on assure qu'elle est en plus «réelle» - comprendre que les femmes investies ne sont pas envoyées au casse-pipe électoral. Enfin, et c'est probablement le chiffre le plus impressionnant du lot, 52 % des candidats présentés n'ont jamais eu de mandat électif.
En revanche, à l’Elysée, Macron s’entourera de son premier cercle, déjà largement à ses côtés lorsqu’il était à Bercy et dont les membres sont tous issus des grandes écoles. Le renouvellement promis est aussi à l’ordre du jour en ce qui concerne la composition du gouvernement. Macron a longtemps laissé entendre qu’il ne nommera que des «primo-ministres» (qui ne l’ont donc jamais été), avec une exception pour Jean-Yves Le Drian à la Défense. Le gouvernement doit aussi être composé pour moitié de représentants de la fameuse société civile, dont le macronisme a une définition extensive. Reste à voir s’il tiendra cette ligne. En politique comme en amour, plus que des beaux sentiments, ce sont les preuves qui sont gages de crédibilité.