Une histoire est née entre Francis Lalanne et Libé. Elle débute à Evry. Le candidat (suppléant) est devant la poste, au milieu des syndicalistes, pour la sauvegarde des services publics dans le département. On le tire par le bras afin de comprendre le sens de sa candidature. Le chanteur, prolixe, nous explique qu'il n'a pas choisi cette circonscription par hasard : «Manuel Valls incarne tout ce qu'on ne veut plus voir aux affaires.» On fait le lien entre son choix et celui de Dieudonné qui est également candidat dans l'Essonne. Francis Lalanne se démarque : «Moi, je suis un responsable politique, je veux gagner. Dieudonné, lui, souhaite faire gagner Valls et baltringuiser ma candidature car c'est son attaché de presse et vice versa.» On écoute. On note. Deux jours plus tard, le 22 mai, l'article paraît dans les colonnes de Libé.
Notre téléphone sonne une fois, deux fois. Puis des textos. Le chanteur commence par écrire : «Je ne pense pas que Nabilla et Moundir soient référencés par un politologue.» Il fait référence au titre de l'article : «A Evry, après Dieudonné et Lalanne, il ne manque que Moundir et Nabilla.» Dans le texto suivant – plus long – une phrase nous surprend. «Le coup de couteau dans le dos que tu viens de me porter», écrit-il. La journée passe. On se décide à composer son numéro. Francis Lalanne s'étrangle. Il parle de «trahison» et juge que nous l'avons mis à la même hauteur que Dieudonné. On répond que la parole a été donnée aux habitants, que nous l'avons respectée, que ses propos ont été retranscrits de la manière la plus juste et que, contrairement à ce qu'il prétend, nous ne l'avons pas «pris pour un guignol». Ça se calme. Un deal se fait : le chanteur a un droit de réponse.
Mardi soir, la tribune tombe sur notre boîte mail. Francis Lalanne commence comme ça : «Suis-je le seul à être surpris par le non-événement que provoque la candidature de Dieudonné ? Suis-je le seul à penser que Dieudonné ne peut certainement pas incarner la nation en se présentant à la députation ? Suis-je le seul à m'émouvoir de la catastrophe morale que représente cette candidature pour notre pays ?» Quelques minutes après la parution de son texte, on échange une nouvelle fois. L'histoire prend une nouvelle tournure. «Je pars dans le Nord affronter Marine Le Pen sur son terrain. Viens avec moi ! Tu seras le bienvenu», écrit-il. Puis, l'artiste conclut à sa manière : «Ça va swinguer.»