«La volonté des terroristes est de déstabiliser le pays, de l'atteindre dans ce qu'il a de plus fondamental. C'est, au fond, la démocratie qui est visée, notre cohésion qu'ils veulent ébranler, nos valeurs auxquelles ils veulent porter un coup décisif. Dans ces circonstances, le rôle premier du président de la République est, en tant que chef des armées et garant de nos institutions, de protéger les Français. Cela ne consiste pas, comme je le vois ici ou là, à céder à quelque surenchère pour répondre à l'événement tragique qui endeuille notre pays. Etre prêt à assumer les responsabilités de l'Etat, en matière de lutte contre le terrorisme, c'est avoir une vision claire, des objectifs précis et présenter des priorités d'action. Je sais que les Français n'ont pas peur, que nous n'avons pas peur. Je sais que nous saurons rester fidèles à nous-mêmes, à notre histoire, que nous saurons maintenir notre unité. A chaque fois, la nation française a été forte. Dans ce moment crucial pour l'avenir de notre pays, dans ces instants décisifs pour notre démocratie, je pense aux mots de Victor Hugo : "Tenter, braver, persister, persévérer, être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, tenir bon, tenir tête. Voilà l'exemple dont les peuples ont besoin et la lumière qui les électrise." Je le dis avec beaucoup de force : remettre en cause la légitimité de l'autorité judiciaire, c'est affaiblir l'autorité de l'Etat et l'autorité dans l'Etat, et ça n'est pas compatible avec une vraie politique de sécurité dont notre pays a aujourd'hui besoin. La justice a la haute fonction de punir, donc de distinguer le vrai et le faux, le normal et le disproportionné, le juste et l'injuste. Nul autre ne peut s'arroger ce droit, aucun responsable politique, quel que soit le contexte, ne peut s'arroger ce droit. Parce qu'alors, il décide de fragiliser l'Etat de droit dont nous sommes toutes et tous, avant tout, les gardiens, et de fragiliser en même temps les institutions dont chacune et chacun, dans cette élection, prétend à terme devenir le gardien.»
Tous ces mots, prononcés au cours de la campagne électorale, sont… d'Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat serait bien avisé de ne pas les oublier au moment où il entend «banaliser» l'état d'urgence dans la loi commune…