Paris, cet épicentre du séisme macroniste. Il y a un mois, la présidentielle avait prouvé que la capitale était un biotope exceptionnel pour un mouvement comme En marche. Après avoir obtenu 34,83 % au premier tour, Macron avait raflé 89,68 % des voix le 7 mai. Un environnement urbain, une ville largement gentrifiée, comptant toujours plus de bobos et moins de classes populaires, des députés moins identifiés à leur territoire : les ingrédients étaient réunis pour que le mouvement du Président fasse un carnage à droite comme à gauche.
Signe de ses appétits, La République en marche (LREM) y avait investi trois poids lourds : la ministre chargée des Affaires européennes, Marielle de Sarnez, le porte-parole d'En marche Benjamin Griveaux, et le secrétaire d'Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi, chargés de régler leurs comptes à des socialistes parisiens. Ils y parviennent tous les trois, Mounir Mahjoubi se payant même le luxe d'éliminer le patron du PS,Jean-Christophe Cambadélis, relégué à la troisième place dans le XIXe arrondissement et éliminé après plus de vingt ans à l'Assemblée. Comme Daniel Vaillant dans la 17e circonscription.
Si, à droite, tous les projecteurs étaient braqués sur NKM, la surprise est venue de la 1re circonscription, où Pierre Lellouche ne se représentait pas : le marcheur Sylvain Maillardl'emporte dès le premier tour. Tout aussi surprenant, dans trois bastions LR, les candidats se retrouvent en ballottage très difficile. Ainsi du XVIe arrondissement où l'indéboulonnable Claude Goasguen, élu dès le premier tour en 2012, se retrouve 7 points derrière la candidate LREM, Valérie Bougault-Delage. Idem pour les maires du XVe et du XVIIe arrondissements Philippe Goujon et Brigitte Kuster. De son côté, Nathalie Kosciusko-Morizet, à qui François Fillon avait confié les clés de sa circonscription en or, à cheval sur les Ve, VIe et VIIe arrondissements. Prise en tenaille entre deux dissidences issues de son camp et LREM, la cheffe de file de la droite parisienne arrive très loin derrière le marcheur Gilles Le Gendre, qui obtient 41,7 % des voix. L'ancien ministreJean-François Lamour est lui aussi en fâcheuse posture face à son rival (LREM) Hugues Renson.
A gauche, l'hécatombe est tout aussi brutale. Outre Jean-Christophe Cambadélis, Seybah Dagoma, députée de la 5e circonscription (IIIe et Xe arrondissements), se qualifie pour le second tour mais ne se fait guère d'illusions, distancée de plus de trente points par Benjamin Griveaux. Face à Sandrine Mazetier dans le XIIe arrondissement, la jeune avocate franco-togolaise Laetitia Avia est largement en tête.
Investie par le PS après avoir perdu la primaire écologiste cet automne,Cécile Duflotdisparaît dès le premier tour, laissant LREM et la candidate de La France insoumise, Danielle Simonnet, s'affronter pour le second. Dans la circonscription historiquement à gauche de Myriam El Khomri, dans le XVIIIe arrondissement, LREM avait choisi de ne présenter aucun candidat. Les électeurs ont placé en tête le jeune loup juppéiste et macrophile Pierre-Yves Bournazel, près de 10 points devant l'ex-ministre du Travail. Comme un symbole de ce grand chamboulement national et parisien.