«Nos institutions produisent malheureusement ce monde politique féodal qui fait que nos concitoyens ont l'impression que la Ve République, c'est Game of Thrones», déplorait Matthias Fekl dans une interview à Libération l'an dernier. Dans l'épisode de dimanche, l'ex-ministre ne survit pas au «massacre de la maison PS». Dans la 2e circonscription de Lot-et-Garonne, l'homme qui arrive après le scandale - il fut secrétaire d'Etat au Commerce extérieur (2014-2017) après la démission de Thomas Thévenoud puis récupéra le portefeuille de l'Intérieur après celle de Bruno Le Roux - atteint péniblement 17 % des suffrages exprimés. Le député sortant, 39 ans, est non seulement dépassé par La République en marche (Alexandre Freschi, 38 ans, 28 %), mais aussi par la candidate du FN (Hélène Laporte, 20 %). De cette bataille de trentenaires, Matthias Fekl, l'une des figures centrales de la nouvelle génération du PS, sort défait : il ne passe même pas la barre des 12,5 % des inscrits nécessaire pour accéder au second tour.
Ce pur social-démocrate a souvent été comparé à François Hollande jeune. Pour son caractère, qu'on dit bonhomme. Et pour sa ligne politique, ni social-libérale ni frondeuse. Il pouvait incarner une forme de «changement dans la continuité». Mais son ex-collègue de gouvernement Emmanuel Macron avait décidé de mettre des bâtons dans les roues de l'ensemble de la jeune garde socialiste. La circonscription de Fekl, qui a connu quatre alternances depuis 1988, était déjà réputée incertaine : avec la candidature du «marcheur» Alexandre Freschi, maire de Castelnau-sur-Gupie (850 habitants), elle est devenue trop difficile pour le socialiste.