Au sein du PCF, lorsqu'on parle du futur, le nom de Ian Brossat revient souvent. Certains l'imaginent déjà à la tête du parti. L'avenir le dira. En attendant, l'adjoint au Logement à la mairie PS de Paris se relève d'une défaite. Il avait misé beaucoup sur la 17e circonscription de la capitale. Il a terminé en troisième position derrière La République en marche (LREM) et La France insoumise (FI).
Comment expliquez-vous la défaite de toute la gauche, comment a-t-elle pu en arriver là ? C’est une surprise pour vous ?
Nous payons le prix des trahisons de François Hollande et celui de la division. Deux catastrophes qui ont créé de la déception et donc de l'abstention. Le quinquennat désastreux qui s'achève aura créé de lourdes désillusions dans le peuple de gauche, au point que ses composantes réalisent aujourd'hui le score le plus faible de la Ve République. Jean-Luc Mélenchon, fort de sa très belle campagne et de son score du 23 avril, avait le choix : il pouvait tendre la main à Benoît Hamon, Yannick Jadot, Pierre Laurent. Il pouvait être l'architecte de l'unité de la gauche. Nous aurions alors pu faire élire des dizaines de députés pour s'opposer à la casse sociale promise par Emmanuel Macron. Il a fait le choix inverse : celui de la bunkerisation. Lui et ses lieutenants se sont enfermés dans la quête de la pureté, refusant tout compromis. Résultat, par rapport au premier tour de la présidentielle, La France insoumise est le mouvement qui perd le plus de voix, avec 64 % de déperdition. Il faut en tirer toutes les leçons. On ne gagne jamais seul, et encore moins contre tout le monde.
L’Assemblée sera entre les mains d’En marche. La gauche pourra-t-elle s’y exprimer ou l’opposition devra-t-elle se construire à l’extérieur du Palais-Bourbon ?
J’ai bon espoir que les députés du PCF et de FI puissent former un groupe pour que la gauche s’exprime à l’Assemblée. C’est essentiel alors que la nouvelle majorité a d’ores et déjà déclaré la guerre aux salariés à travers les ordonnances de réforme du code du travail. Très rapidement, nous jetterons toutes nos forces dans les mobilisations sociales, derrière les syndicats, pour empêcher les régressions en vue. Et nous le ferons tous ensemble. Mais nous devrons aussi reconstruire la gauche dans nos quartiers. Nous avons de grands chantiers devant nous pour redonner de l’espoir.
Selon vous, comment repartir, comment reconstruire et avec qui ? Avec le PS ? FI ?
Il est encore temps de faire le bilan de la division. Aucune des forces qui composent la gauche ne peut prétendre incarner seule une opposition suffisante. Nous devons créer un arc suffisamment fort pour tenir tête à ce rouleau compresseur bleu horizon élu par défaut. Communistes, Insoumis, écologistes, socialistes frondeurs : nous devons privilégier ce qui nous unit plutôt que ce qui nous sépare. Pour recréer l’espoir, l’unité est la seule recette.