Les rescapés. Alors que la razzia Macron n'a laissé que des restes à ses adversaires, particulièrement la majorité sortante qui a déjà subi une séquence présidentielle famélique, seules quelques dizaines de députés investis par le PS porteront les couleurs socialistes dans le prochain hémicycle. De ce premier tour historique, une règle au moins se dégage. Pour un candidat à la rose, l'absence d'un concurrent de La République En marche (LREM) constituait la meilleure chance de se qualifier pour le second tour. Les députés sortants Stéphane Le Foll (Sarthe), Marisol Touraine (Indre-et-Loire), Myriam El Khomri (Paris), Guillaume Garot (Mayenne), François Pupponi (Val-d'Oise), Christophe Bouillon (Seine-Maritime), George Pau-Langevin (Paris) ou Manuel Valls - quoique non investi par le PS dans l'Essonne - ont profité de cette configuration favorable. Ils devraient en être.
En présence d'un candidat Macron au premier tour, un seul candidat estampillé PS a réussi à virer en tête dimanche : Dominique Potier en Meurthe-et-Moselle. Pas un habitué des plateaux télé ou un cador de l'Assemblée, même si le tombeur de Nadine Morano en 2012 s'est fait connaître par son projet de loi très populaire à gauche : un texte sur la responsabilité sociale des grands groupes vis-à-vis de leurs sous-traitants. Avec 28,52 % au premier tour, l'ex-maire de Lay-Saint-Remy (2001-2014) et député sortant est néanmoins au coude-à-coude avec la candidate LREM, Marion Bucher (27,01 %) : 600 voix les séparent. Les reports de voix de second tour, peu favorables, risquent de lui être fatals.
Arrivés en deuxième position et donc qualifiés pour la finale, Olivier Faure (Seine-et-Marne), Delphine Batho (Deux-Sèvres), Olivier Dussopt (Ardèche) ou Luc Carvounas (Val-de-Marne) - des figures plus connues - ont aussi une bonne chance de faire partie de la petite escouade de députés PS qui seront de la future Assemblée macronisée. «J'ai fait une campagne de gauche alors que la candidate En marche faisait campagne à droite», souligne l'ex-ministre Batho, qui considère aussi avoir été créditée d'une indépendance d'esprit pour avoir quitté le gouvernement au nom de ses convictions. Résultat : elle se retrouve en finale face à la concurrente LREM, et la candidate LR est marginalisée. «J'ai été soutenue par des gens qui ont appelé à voter Macron, Hamon et Mélenchon, et même une maire juppéiste, confie Batho. La gauche qui a le mieux résisté est la gauche constructive, ni suiviste ni frondeuse, mais solide sur ses valeurs.»
Pour autant, six socialistes ouvertement frondeurs du précédent quinquennat seront aussi en lice dimanche : Barbara Romagnan (Doubs), Régis Juanico (Loire) Christian Paul (Nièvre), Yann Galut (Cher), Jean-Patrick Gille (Indre-et-Loire) et Laurence Dumont (Calvados). Tous font face à des duels difficiles. Autre élément d'explication : une forte implantation locale a pu limiter la casse. «Les maires qui étaient candidats ont plutôt mieux résisté», analyse Pascale Boistard, l'ex-ministre qui, elle, a été battue au premier tour. Tels Carvounas (Alfortville) et Dussopt (Annonay).
Finalement, s'il en reste qu'un, ce sera peut-être lui. Il est ni franchement connu ni maire. Dans la 3e circonscription de l'Aisne, le PS Jean-Louis Bricout pourrait être le héros du second tour. Arrivé second (23,7 %) derrière le candidat frontiste, il pourra compter sur un bon report de voix du candidat Modem (18,10 %) et de La France insoumise (7,4 %).